Projet bien compliqué et risqué de la part de Werner Herzog de s'attaquer à une relecture du roman "Dracula" de Bram Stoker mais surtout à un remake du "Nosferatu" de Murnau. Il nous fait donc suivre la rencontre entre le comte Dracula et Jonathan Harker dans le but de négocier une maison.
Pari risqué mais relevé par Herzog qui nous envoie d'abord dans les Carpates pour suivre la rencontre entre les deux protagonistes. Il met en scène un Dracula solitaire, intriguant et ambigu et met en avant son errance dans ce monde et dans cette région où il a apporté la mort et la maladie. Il insiste même plus sur sa solitude que sur la véritable incarnation du mal. Créature sur laquelle il laisse toujours planer l'incertitude et à qui il donne un côté fascinant et intrigant.
La réussite du film vient surtout dans la manière dont Herzog arrive à créer une atmosphère glaciale, tragique et funeste avec ce sentiment de mort planant au-dessus du récit. Tout est bien maîtrisé par Herzog et use d'effets plutôt sobres, se contentant de quelques bruits de portes et de bien mettre en avant les décors et paysages, donnant lieu à de magnifiques plans et à des scènes aussi lugubres que fascinantes (notamment dans le château de Dracula ou son arrivé à Londres).
Alors, c'est dommage que la deuxième partie ne garde pas la même puissance et ambiguïté que la première et perd un peu en fascination, puissance, terreur et émotion même si ça reste toujours captivant et intéressant. C'est d'autant plus dommage que Klaus Kinski campe un vampire très convaincant et tourmenté, bien aidé par un excellent travail sur le maquillage.
Si cette version de Nosferatu est imparfaite, perdant un peu en puissance et émotion dans la seconde partie, ça n'en reste pas moins une oeuvre fascinante, que ce soit par son son aspect glacial et ambigu avec des scènes de toute beauté, son excellente reconstitution qui nous emmène au plus près des personnages ou encore de très bons comédiens, à commencer par Klaus Kinski. (thanks to Jurassic).