[Mouchoir #36]
C'est avec Nosferatu que le cinéma d'Herzog a finit par pleinement me fasciner. Car il s'y dégage une ironie toute particulière, jamais explicite, un second degré tendre envers ses personnages, comme dans Grizzly Man que j'avais vu il y a quelques années. En prime ici, le jeu d'acteurices qui balaie toutes les convenances et qui — à l'instar du Dracula de Browning — octroie au film une atmosphère toute particulière.
Herzog brouille notre position de spectateurice, entre hypnose et distanciation qui deviennent un jeu de mise en scène. De la sorte déstabilisé·e, difficile de distinguer le genre d'un film herzogien tant la frontière n'existe plus entre documentaire et fiction. J'ai beau chercher quelques mots, il n'y a qu'une métaphore qui me convient, et qui depuis correspond à mon ressenti profond devant ses films : un légume a parfois un goût prononcé de terre.
C'est cet aspect brut, cru, trop terre à terre, au point que certains plans ont un goût terreux, qui me pousse à rentrer naïvement dans tout ce que me conte Herzog, notamment dans ses séquences mystiques : comme face à quelque chose de presque trop authentique, qui dérange, et qui a pourtant gardé un charme originel ; celui d'un esprit romantique allemand tristement perdu.
Poésie du mal-être.
[05/12/17]