Quel bonheur de retrouver l'univers de Valérie Donzelli en cette fin d'année. Rien de mieux pour finir l'année!


La réalisatrice de La reine des pommes m'a ré-enchantée avec son regard si poétique et décalé sur la vie et le monde. Elle a ce talent de pouvoir parler de sujets graves avec finesse, avec humour et légèreté et a également un brillant sens du rythme, élément-clé de toute (bonne) comédie.


Notre dame, c'est la vie de Maud Crayon, interprétée par Donzelli, architecte quadragénaire à un moment charnière de sa vie, tiraillée entre son passé et le futur à dessiner, les imprévus qui lui tombent dessus un par un. L'un de ces imprévus, c'est quand elle apprend qu'elle a gagné, par un grand malentendu, le concours lancé par la Mairie de Paris pour refaire le parvis de Notre-Dame.


Même si ce n'est pas l'intention de la réalisatrice, j'ai vu dans ce film une ode merveilleuse au cinéma, aux différents genres du cinéma (muet, comédie musicale, fantastique), des clins d’œil à la Nouvelle Vague et à Varda en particulier et des symboles cinématographiques que je vous laisserai retrouver. 


La forme du film est audacieuse et originale, grâce à une belle imagination qui apporte une dose de magie et de surréalisme à certaines scènes qui rappellent des songes où tout est possible, où l'on s'envole loin de la réalité. C'est ce qui fait la beauté du cinéma, de transformer la réalité en un univers réinventé et onirique. 


Le fond du film n'est pas en reste, avec un regard à la fois acide et cru sur le monde actuel qui nous entoure, la crise climatique, les familles à la rue, la violence gratuite, où la réalisatrice a fait le choix de porter un regard décalé et fantasque sur certaines absurdités de notre monde.


Les seconds rôles sont aussi très réussis, Donzelli ayant une idée assez précise du casting qu'elle voulait pour ce film, choisissant des comédiens à contre-pied de leurs rôles habituels. C'est ainsi que l'on retrouve Thomas Scimeca en père à l'âme d'enfant, une sorte de Peter Pan des temps modernes, Pierre Deladonchamps dans une comédie, Philippe Katerine en adjoint à la Maire de Paris, Claude Perron en avocate surmenée, Samir Guesmi en patron tyrannique, Bouli Lanners en tendre et fidèle ami et j'en passe! 
Si vous connaissez les précédents films de Donzelli ou si vous n'en connaissez aucun, je ne peux que vous conseiller d'aller voir Notre dame, qu'elle a souhaité écrire sans majuscule ni tiret, pour rendre un hommage à toutes ces femmes qui ont une charge mentale grosse comme la France, qui doivent exceller dans tous les domaines, réussir l'éducation des enfants, leur carrière, leur vie privée, et qui sont (souvent) seules pour gérer ces mille facettes de leurs vies, sans répit ni droit à l'erreur.


Anaïs

rythmislove
8
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le 1 mars 2020

Critique lue 183 fois

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