J'ai beau avoir vécu de nombreuses années à Paris, je ne me sentais pas émotionnellement connecté à Notre-Dame, ou n'importe quel autre monument historique, et lorsque j'ai vu les images de son embrasement, j'ai vécu l'incident avec un détachement qui contraste avec ce que je lis dans certaines critiques de ce film. Malgré tout, le film d'Annaud a réussi à m'embarquer et me garder intéressé presque jusqu'à son dénouement.


Je suis assez bon public pour les films catastrophe, mais je dois avouer que je n'avais encore jamais consommé local. Notre-Dame brûle s'accompagne des habituels travers du cinéma français, à commencer par un style de jeu qui me déplait toujours autant, avec des personnages qui récitent pompeusement leur texte ou manquent singulièrement de naturel. Rien de vraiment dramatique, mais assez pour me faire souvent lever les yeux au ciel.


En mélant images réelles et scènes romancées, le film s'empare de son sujet en gommant adroitement les limites entre réalité et fiction. On pourrait croire à un documentaire, un docu-drama, mais le script a certainement pris beaucoup de liberté avec le matériau d'origine et s'efforce de restituer l'intensité de ces moments par le prisme des pompiers qui ont sauvé le plus gros de la cathédrale.


o o o


Et ça marche plutôt bien, même si l'histoire est entrecoupée d'intrigues secondaires bidon, comme le mec qui a les clefs les plus importantes de Notre-Dame et à qui il arrive des aventures aussi rocambolesques qu'invraisemblables, dignes des pires épopées de Kim Bauer dans 24h Chrono.


Malheureusement, assez vite, le spirituel s'invite avec ses gros sabots : plans languissant sur des icônes religieuses, statues qui pleurent, insistance lourdingue du scénario sur des breloques sacrées qu'il faut absolument préserver, car c'est l'avenir de toute l'Église catholique qui en dépend, suspense à la con sur le sauvetage de la couronne du Christ, le tout sur fond de chœurs grandiloquents et d'éclairages épiques.


Alors, je comprends bien que quand une cathédrale aussi prestigieuse que Notre-Dame est en flammes, la préservation de reliques est un sujet majeur, ne serait-ce que pour leur valeur historique, mais ce n'était pas la peine d'en faire à ce point des caisses, de gâcher autant de pellicule à montrer les foules en train de prier autour de l'île de la cité et les pompiers frappés par des révélations mystiques sur des plans métaphoriques plein d'une pieuse emphase.


J'avais signé pour voir du sauvetage héroïque de vieille pierre, et on me donne du pathos sponsorisé par l'Abbé Pierre. Surtout que - sans mauvais jeu de mot - la fin est un sacré pétard mouillé.

Ezhaac
5
Écrit par

Créée

le 22 sept. 2024

Critique lue 12 fois

Ezhaac

Écrit par

Critique lue 12 fois

D'autres avis sur Notre-Dame brûle

Notre-Dame brûle
lhomme-grenouille
3

Entre le cinéma et le Pinault, il faut choisir…

Oui. Oui, j’y suis allé. Au fond je ne pouvais pas faire autrement. Je devais y aller pour Jean-Jacques Annaud, forcément. Quand on doit à un type des films tels que le Nom de la Rose, la Guerre du...

le 26 mars 2022

33 j'aime

7

Notre-Dame brûle
abscondita
8

Une poignée d'hommes contre un géant de flammes

Notre-Dame brûle est un film qui nous prend à la gorge et nous fait revivre cet événement qui a saisi d’émotion le monde entier. Il fallait bien un réalisateur de la carrure de Jean-Jacques Annaud...

le 20 août 2022

18 j'aime

11

Notre-Dame brûle
Grard-Rocher
9

Critique de Notre-Dame brûle par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le: 22 août 2024Le 15 avril 2019 Paris va être le centre d'une information dramatique qui va faire le tour du monde. Subitement à 18h50, de la fumée puis des flammes commencent à...

17 j'aime

8

Du même critique

Martyrs
Ezhaac
9

Expérience traumatique

Peu de films ont su me retourner comme l'a fait Martyrs. Je vais éluder le débat stérile sur la légitimité du thème de la torture au cinéma et partir du postulat que la vocation première du film...

le 22 juin 2010

86 j'aime

4

Vidocq
Ezhaac
8

Paris gothique en numérique

Le film qu'il vaut mieux ne pas aimer quand on veut briller en société, tant il se traine une réputation usurpée de nanar. Alors c'est le moment de m'empoigner les couilles et de les poser sur ce...

le 16 janv. 2011

65 j'aime

16