Que manque-t-il à ce film techniquement brillant, auquel les décors et les costumes confèrent un indéniable crédit, sinon de la sensibilité et une véritable inspiration? Le beau sujet de Victor Hugo souffre d'une adaptation sottement illustrative et d'une mise en scène académique. Ainsi les personnages, hormis celui d'Alain Cuny, ténébreux, tragique et charismatique Claude Frollo (le mérite en revient exclusivement au comédien), perdent-ils tout intérêt. Delannoy semble filmer un livre d'enfant avec tout plein de couleurs et de sentiments élémentaires. De sorte que les personnages manquent totalement de densité et de sincérité dramatiques. La preuve en est qu'on reste indifférent à l'amour généreux et désespéré de Quasimodo pour une Esmeralda reléguée au rôle d'objet sexy. Même le final, pourtant spectaculaire et pathétique, où le malheureux sonneur de cloches difforme, tel KIng Kong, entraine sa belle à l'abri de Notre-Dame, est pauvre en émotion. Dans ces conditions, la recomposition, si habile et si vivante, je l'ai dit, du quartier de Notre-Dame, ne sert plus qu'un vrai gâchis.
Pour l'anecdote et sauf erreur de ma part, Truffaut, pourfendeur de la "qualité française", avait fait de Jean Delannoy une de ses têtes de turc, le comparant, arrivant au studio avec sa mallette, à un fonctionnaire se rendant à son travail. Peut-être était-ce après avoir vu ce film...