Un peu à l'image de ses deux héros, ce "Notre jour viendra" est un de ces films entiers dont on pourrait autant dire du bien que du mal.
Alors oui, c’est sûr, le dernier né de Romain Gavras est inégal comme jamais, et si le premier quart d'heure s'avère des plus médiocres, le suivant surprend par son intensité et par son décalage.
Or, à ce jeu, il faut bien avouer que le fils du grand « Costa » sait vite toucher à quelque chose de lunaire, de totalement pur dans la démarche, si bien que, à défaut d'avoir un chemin tout tracé, on peut prendre plaisir à se perdre dans cette folie décalée.
Bien sûr, tout n'est pas parfait : une audace peut se transformer en dérapage peu contrôlé, les libéralités que prend le réalisateur peuvent paraître comme relevant d'un caractère décousu, mais c'est aussi cela l'audace : risquer de déplaire.
Et ce risque, l'air de rien, permet d'aboutir au bout d'un moment à une sorte de film total. Un croisement sidérant entre « les Valseuses » de Blier et « Tueurs nés » d'Oliver Stone, faits de moments séduisants et inconfortables à la fois, conduisant à un périple entre deux mondes, au-delà de toute morale et de tout sens...
...À part celui de la fuite en avant.
Drôle d'ôde à la liberté.
Un film qui au final est d'autant plus efficace qu'il sait se faire bref, vif, brut, percutant.
L'écrin idéal pour l'un des meilleurs rôles de Vincent Cassel et pour les plages apocalyptiques du Nord.
Qu'on aime on qu'on n'aime pas, au moins on ne pourra pas retirer à ce film d'être du vrai bon cinéma d'auteur.
Et rien que pour ça, ça fait du bien.