Notre petite soeur (2015) - 海街diary / 126 min.
Réalisateur : Hirokazu Kore Eda - 是枝裕和
Acteurs principaux : Haruka Ayase - 綾瀬 ; Masami Nagasawa - 長澤まさみ ; Kaho - 夏帆 ; Suzu Hirose - 広瀬すず.
Mots-clefs : Japon ; rêverie ; paysage.
Le pitch :
Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine d’années auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu, âgée de 14 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir l’orpheline dans la grande maison familiale…
Premières impressions :
Adapté du manga "Kamakura diary" de Akimi Yoshida, "Notre petite sœur" est avant tout une invitation à la rêverie qui nous emmène dans un Japon intemporel. Loin des drames réalisés précédemment, Kore Eda (Nobody Knows, Still Walking) nous propose ici de partager le quotidien d'une famille de quatre jeunes femmes et leurs rêves, des vies simples qui comportent leurs lots de joies et de malheurs.
Il n'est pas évident de parler de scénario car le film propose avant tout une atmosphère douce amère, loin, très loin du Japon des grandes villes. Je l'ai d'ailleurs plus perçu comme un témoignage de quelque chose qui risque de disparaître que comme une grande histoire car la force du film réside avant tout dans ses personnages fouillés et dans sa photographie.
Cela n'empêche pas pour autant "Notre petite sœur" de discuter de nombreux sujets de société et en particulier un sujet assez peu abordé : la culpabilité ressentie par les enfants d'un second mariage à l'égard de ceux d'un premier mariage. En effet, si de nombreux films parlent de séparation, de manque, de douleur chez les enfants de parents divorcés, il est très rare que les films fassent état de la culpabilité que l'on ressent d'être le fils ou la fille de celle qui a volé le mari, quand bien même ce mari aurait décidé de disparaitre. Par ailleurs, le film se veut assez féministe. Ces femmes ont des amants mais restent maîtresses de leurs destinées et font leurs propres choix sans l'intervention d'un patriarche ou d'un mari dont le poids est toujours fort au Japon.
Pour le côté technique, la réalisation est de grande qualité et propose de longues scènes sans rendre le film ennuyeux. La musique est également particulièrement réussie grâce à la touche de la génialissime Yoko Kanno (Cowboy Bebop, Darker than black, Ghos in the Shell S.A.C.). Par ailleurs, les actrices jouent de façon très juste, sans trop de chichi que l'on trouve habituellement dans le jeu japonais.
Offrant une belle carte postale et de belles perspectives de rêveries, "Notre petite sœur" est un film que je conseille à tous ceux qui ont besoin de faire un break et de partir en voyage. Il vous permettra pour deux heures de suspendre le temps. Sachez que le film est toujours à l'affiche au moment où j'écris ces lignes, ne vous refusez pas un moment d'évasion.