S'il est vrai que Maurice Pialat réalise une oeuvre autobiographique, au moins partiellement, alors le cinéaste fait preuve de lucidité et de courage au regard du rôle qu'il fait tenir à Jean Yanne, son double donc. Car l'acteur compose un homme parfaitement odieux, cynique et égoiste, un type grossier qui fait vivre à sa maitresse une relation brutale et chaotique au point qu'il incite celle-ci à ne plus l'aimer.
Précisément, ce sont les derniers moments de la liaison entre Catherine et Jean que Pialat met en scène selon son style de toujours, abrupt. Le réalisateur montre la lassitude d'un couple en bout de course, les hésitations et revirements de Catherine.
Le film explore un cas de figure et un quotidien courants, et l'approche de Pialat a le mérite d'y déceler une vérité simple, prosaïque, rarement décrite au cinéma sous cette forme. En revanche, quoique le couple que forment Marlène Jobert et Jean Yanne soit convaincant, on a plus de mal à imaginer l'attachement de Catherine pour un homme comme Jean. Peut-être parce que Yanne joue de façon un peu trop uniforme -je n'ose pas dire monolithique- les brutes épaisses, qu'on ne devine pas assez les nuances et la vulnérabilité de son personnage. Le comédien se montre plus à son aise dans les coups de gueule que dans l'expression de la souffrance sentimentale.