Quand un premier film, français de surcroit, est réussi, c'est important de le noter.
Révélé au grand public pour son rôle secondaire mais culte dans la série courte Bref de son poto Kyan Khojandi, l'humoriste-réalisateur (et rappeur aussi) Kheiron signe ici son premier long-métrage, une œuvre sincère et drôle qui réussi presque tout ce qu'elle entreprend. On en sort avec la banane, et on a tôt fait d'oublier les quelques imprécisions de réalisation.
D'autant que dans l'ensemble, c'est de l'excellent travail. Racontant l'histoire des parents de Kheiron ayant fui l'Iran des Gardiens de la Révolution islamique, Nous trois ou rien se montre très ambitieux : il y a de vrais idées de mise en scène, de montage, un certain sens du rythme, et surtout une science du dosage entre humour (parfois absurde) et émotion sincère (un équilibre pas évident).
Le véritable tour de force est sans doute le parti pris par Kheiron de jouer son propre père, un choix périlleux et casse-gueule, mais duquel se dégage là encore une formidable sincérité pour laquelle on ne peut ressentir que de la bienveillance.
Le casting, formidable, n'y est pas pour rien, de Gérard Darmon à Leila Bekthi en passant par un surréaliste Alexandre Astier en Shah d'Iran (un rôle qui tient presque du caméo mais qui s'impose comme une évidence dés son apparition à l'écran) ou encore Kyan Khojandi en islamiste barbu ridiculisé en quelques répliques.
Si le film fonctionne aussi bien, c'est aussi parce que c'est une lettre d'amour à ses parents que réalise là Kheiron : une mère forte au caractère bien trempé, et un père héros, résistant à la dictature du Shah, puis à celle de Khomeini. Un père qui une fois en France organise la vie sociale et culturelle de la banlieue où sa famille a atterri, tandis que la mère, infirmière, éduque les femmes et organise des activités similaires. Bref, deux individus qui font du bien autour d'eux, et donc qui font du bien aux spectateurs.
Nous trois ou rien, c'est le plus beau des albums de famille, le plus beau cadeau que l'on puisse faire à ses parents, et c'est une magnifique façon de confronter et de rendre hommage à ses origines. Des films comme ça, on en redemande.