On est épaté par ce film, d’abord parce que son auteur/acteur/sujet est Kheiron, un gars que l’on imagine plus dans un rôle comique, et que les comiques entrent généralement au cinéma par la porte “humour” _ parce qu’ils connaissent l’ouvreuse comme dirait l’autre.
Kheiron a préféré un film hyper personnel qui retrace l’histoire de ses parents partis d’Iran pour la France, et on sent l’immense respect et la fierté qu’ils lui inspirent.
On est émus forcément de cet hommage qu’un fils rend à ceux qui lui sont chers. Un bel acte d’amour délivré avec les formes.


“nous trois ou rien” est plein de petits défauts, d’une façon de filmer pas toujours très inspirée ou au contraire parfois trop empêtrée dans sa volonté de bien faire, d’un rythme chaotique, d’un titre pas vraiment accrocheur, mais on aurait tort de lui en tenir rigueur.


Parce que malgré tout le film nous étonne par sa capacité à surmonter ces défauts pour nous laisser savourer le reste: un ton qui évite de tomber dans le tire larme, de petites touches d’humour ou certaines idées farfelues pour habiller le film et lui donner corps, une ambiance dans laquelle il fait bon se promener, une pêche générale, un élan qui fait du bien..
Le choix de donner aux personnages des airs comiques et des réactions un peu tombées de nulle part donne du dynamisme tout en les rendant presque irréels, et de temps à autre on se rend compte qu’on s’est laissé embarqué et on est rattrapé par la réalité: malgré un habillage tellement agréable à suivre, le fond vient nous prendre quand on s’y attend le moins..
L’émotion n’en est que plus forte parce qu’on a l’impression qu’elle a été provoquée sans trop insister, avec naturel. Et les larmes qu’on pourrait y laisser viennent prouver combien ce film a su nous cueillir au moment où on s’y attendait le moins.


Le générique de fin surprend encore quand on constate à quel point Kheiron a tenu à rendre ses acteurs similaires aux personnes qu’ils incarnent. Alors qu’on s’était convaincu du côté ultra romancé de l’ensemble voilà qu’un doute s’installe: et si tout était vrai et fidèle à la réalité?
Alors dans ce cas là on ne peut qu’envier Kheiron d’avoir une famille aussi belle, même dans la tourmente.


Un bien beau voyage pour nous rappeler qu’on peut toujours voir le bon côté des choses, fuir son pays, voir ses idées de révolution balayées, être cassé mais se relever, trouver d’autres buts à sa vie, d’autres défis à relever pour rester vivant et profiter de cette chance qu’on a d’être libre et ensemble.


On sort du cinéma avec l’envie de changer le monde, et puis on se dit qu’on commencera demain, ou encore après, mais on va le faire c’est sûr, un jour où on aura le temps, peut être…..

iori
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le 18 nov. 2015

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iori

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