On n'avait logiquement plus aucune confiance en Cedric Gimenez après son horrible Bac Nord. Et on n'avait surtout pas envie qu'il nous salisse la mémoire de nos amis victimes au Bataclan par une autre fiction mensongère, démagogique, raciste et faisant le lit du RN. Il semble heureusement que Gimenez ait tiré les leçons de ses errements, et il nous livre avec Novembre une chronique de la traque des terroristes du 13 novembre qui ne prête pas flanc à la critique sur le plan politique ou idéologique.
Le prix à payer pour cette neutralité est une réelle atonie d'un film qui ressemble plus à un rapport administratif qu'à une œuvre de cinéma. Si l'on ne s'ennuie pas pendant Novembre, c'est principalement parce que l'on se sent soi-même impliqué dans une histoire que nous avons vécu en temps réel, mais à travers le prisme des médias. Ce qui en soit pose le problème non négligeable de la crédibilité de que ce Novembre nous raconte, sachant qu'il y a dans le scénario une part de fiction qui reste donc indécidable.
Techniquement, le film est peu mémorable, avec un filmage et un montage morcelés, typiques de ce genre de films, et calqué sur une forme calibrée du cinéma US. Au milieu de ce désert cinématographique, de bons acteurs font ce qu'ils peuvent pour injecter un minimum de vie, d'humanité.
Finalement, Novembre est une film qui nous intéressera en dépit de ses défauts. Mais c'est aussi un désastre majeur bien évité, et c'est déjà ça...
[Critique écrite en 2023]