• Après la thématique du trafic de drogue abordé dans son précédent film, « Bac Nord », Cédric Jimenez s’intéresse à l’enquête de la brigade anti-terroriste des attentats de Novembre 2015. Nous allons analyser son approche cinématographique de réalisateur dans sa manière propre à filmer ces événements tragiques ayant marqué l’ensemble des Français. Tout d’abord, Cédric Jimenez opte pour du storytelling à l’américaine, à savoir une traque ininterrompue des terroristes au lendemain du 15 Novembre. Nous ressentons sa forte inspiration issue de séries télévisées américaines comme Homeland ou 24 heures chrono.
  • Afin de traduire ce sentiment d’urgence durant toute la durée de l’enquête, il va utiliser les armes du découpage et du montage. Grâce à cet effet, il va accroître immédiatement le sentiment de tension chez le spectateur. Puis, le cinéaste va orienter sa mise en scène en mettant en premier plan un environnement sonore marqué tout en restant très épuré. Cette situation suscitera, ainsi, cette peur grandissante chez le spectateur : il se retrouve impuissant face aux drames se déroulant une seconde fois sous ses yeux. Le but est qu’il soit pris aux tripes face à la retranscription de ceux-ci. Tous les éléments auditifs entremêlés par Cédric Jimenez capturent ainsi cette tension palpable.
  • Cette dissension permanente est très angoissante dans la scène de l’avion où les voix de Jean Dujardin et Sandrine Kimberlain se chevauchent. La scène où Anaïs Demoustier roule en scooter avec son casque est une autre scène développant celle-ci au maximum. Il y a cette note si particulière donnant le morcellement de cette tragédie. Elle devient, par la suite, audible au sein de son commissariat. L’objectif de ces deux scènes est d’être pris dans ce tourbillon infernal afin de comprendre cette frénésie d’une traque incessante durant les quelques jours ayant suivi les attentats. Il faut détailler précisément ce qu’il s’est passé à chaque instant de cette enquête.
  • Novembre vous attrapera obligatoirement donc par la manche immédiatement et ne vous lâchera pas jusqu’à sa fin. Éreinté, éreintant et étourdi pourraient être la définition parfaite de ce film. L’idée commune avec son précédent long-métrage est cette immersion policière. Il représente un pur film d’action à la française empruntant les codes du cinéma américain. Cet effet hypercut au niveau du montage se déleste de ce gras étant un superflus audiovisuel.
  • Un point intéressant soulevé par ce cinéaste est l’humanité de l’ensemble de ces policiers faisant des erreurs dans leurs actions. Les filatures abordées dans ce film nous montrent une certaine méthodologie de celles-ci : comment repèrent-ils les suspects ? Comment suivent-ils les voitures et comment font-ils pour ne pas les perdre ? Nous pouvons, cependant, regretter, des personnes incarnées à leurs simples fonctions policières (planques, filatures ou écoutes téléphoniques).
  • Pour conclure cette critique, Cédric Jimenez filme avec un amour absolu ses comédiennes et comédiens issus de différentes générations d’acteurs ou d’actrices. Nous avons, d’ailleurs, un rapport émouvant entre Anaïs Demoustier et Lina Khoudri nous procurant cette charge émotionnelle et cette chappe de plomb venant nous rappeler constamment le réel. Il donne cette impression permanente qu’il fume sa vie à toute vitesse avec Novembre. Il a fait beaucoup moins polémique qu’avec « Bac nord ».
  • Ce film est d’une efficace féroce et est passionnant à regarder de bout en bout. Cet instinct du réalisateur est profondément ancré dans son dernier long-métrage. Il a cette retenue élégante de ne pas montrer les attentats (comme s’ils étaient en hors-champs permanent) tout en donnant cette impression d’y être malgré tout. Cette technique narrative engendre une création de suspense tout au long de ce film. La scène de l’assaut dans le 18ème arrondissement de Paris raconte une expérience cinématographique incroyable et est l’une des réussites de ce « Novembre ».
Lili-Jae
8
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le 29 oct. 2023

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Lili-Jae

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