Nuages d'été
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Une réforme qui démantèle la famille (évitant de peu les unions congénitales). Vie paysanne qui épuise et vieillit les corps avant l'heure, dont la cohérence se fissure avec la progression du monde moderne (infrastructures rendant plus immédiat les contacts avec la ville, et la désertification qu'elle génère). Des traditions rurales archaïques qui décuplent la sévérité du sort, souvent cruel (seconde épouse évincée), réservé aux femmes, aux brus, qui n'ont qu'un rôle primaire de génitrice, de bonne aux petits soins de la belle-famille, et fonctionnel aux champs, mais aucune identité propre.
Radiographie très pertinente du japon d'après-guerre, centré sur deux personnages. Un propriétaire terrien (Wasuké/ formidableGanjiro Nakamura, perdu, pathétique dans ses efforts ! ), tentant d'empêcher le départ de ses fils pour la ville afin de perpétuer la tradition et un ordre social rural en déclin, en despote patriarcal. A ses côtés, une jeune veuve, sa soeur (Yaé, émouvante au possible au travers de ce sursaut amoureux, cette fraicheur sentimentale ! Quelle magnifique scène sur la plage !!!), acquise aux vents de la modernité, qui parviendra à lui faire entendre raison, au sacrifice de son propre bonheur individuel.
J'ai beaucoup aimé cette scène où des paysannes travaillant dans les champs se gaussent par admiration (jalousie !), d'une jeune fille devenue femme durant son séjour à la ville (Hamako, fille de Yaé, amoureuse de Shin, second fils de Wasuké). Il y a là une bienveillance naturelle à l'égard de la vie et du progrès des moeurs, tout à fait émouvante.
Un magnifique film, qui s'appesantit un peu en longueur parfois (préparatif des noces, ou scènes de redites...). Mais ceci est sans doute très relatif à l'état de vigilance du moment !
(7,5/10)
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Créée
le 11 déc. 2023
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