Nuages d'été
En 1958, le réalisateur Mikio Naruse utilise pour la première fois la couleur pour ce film Nuages d’été. Un journaliste Okawa enquête sur les répercutions de la réforme agraire dans les campagnes, il...
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le 3 oct. 2015
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Petit village japonais dans le début des années 50.
Un journaliste enquête sur les répercussions concrètes de la réforme agraire initiée quelques années plus tôt à la fin de la guerre par les vainqueurs américains.
Une veuve de guerre, soeur d'un ancien grand propriétaire agricole, va lui raconter ses histoires de famille et ce que l'occupation a changé dans leur mode de vie.
Dans cette chronique de la transition, Naruse va créer le rejet. Comme le monde qu'il dépeint, il utilise les moyens techniques modernes à sa disposition et utilise pour la première fois la couleur. Pour une partie de son public, l'auteur s'est renié et les puristes verront dans l'utilisation du format large une soumission à l'occupant.
La maîtrise formelle, la qualité des plans, du cadrage assurent que le cinéaste a su utiliser ce que les innovations lui apportaient pour mettre en valeur son propos. Là se révèle l'artiste et son talent.
Naruse offre une peinture noire et critique de la société dans laquelle il fait évoluer ses personnages mais il montre en même temps une certaine tendresse pour eux.
Le passage à l'ère moderne de la jeune génération, l'attachement des anciens aux traditions et les conflits que ça engendre font de Nuages d'été quasiment un document sociologique.
L'une des scènes qui met le plus en lumière cette transition entre deux époques est celle où l'on voit Michiko et Hatsu labourer le champ avec le boeuf et à la main alors que l'on aperçoit le train Symbole de la vie moderne et citadine passer en arrière plan. Lien concret entre deux modes de vie et deux univers.
A travers le portrait de la tante Yae, femme douce, intelligente mais au fort tempérament, le cinéaste montre à quel point le rôles des femmes est primordial au sein de la communauté. Même si elles n'ont aucune valeur, ne sont pas reconnus en tant que telles, leur enfant même appartenant au mari qui peut leur retirer si bon leur semble.
Je ne suis rien ici, je ne serai rien tant que mon fils ne sera pas marié
et là, je ne serais que la belle mère encombrante et détestée.
Chikage Awashima incarne à merveille cette femme qui jongle entre deux mondes et qui ouvre intelligemment les portes du monde moderne à son entourage.
En s'accordant le droit d'aimer ce journaliste qui lui a donné le droit de faire entendre sa voix et de s'exprimer librement, elle permet à ses neveux de se libérer du joug paternel, de s'affranchir du poids des traditions.
Malheureusement, faire le bonheur des autres n'est pas garant du sien propre.
Le sens de l'altruisme, la générosité de Yae s'accompagnent d'une réflexion profonde qui l'amène à réfléchir à autre chose qu'à soi et à faire des choix qui ne lui sont pas personnellement favorables.
Là revient au galop le pessimisme de Naruse et même si le film est l'un des moins déprimant de ceux que j'ai vus de son auteur, il véhicule magnifiquement que le bonheur d'une femme ne sera jamais la priorité de personne, même pas de celui qu'elle aime.
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le 27 sept. 2015
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