De nos jours, Ernesto travaille dans un institut dont la mission est d’identifier des squelettes enterrés dans des fosses communes depuis des années, notamment depuis l’époque de la dictature. Un jour, une dame d’une soixantaine d’années lui demande de venir à son village déterrer le corps de son époux défunt, un ancien guérillero. A travers l’histoire de cette dame, et celle d’Ernesto, c’est la mémoire d’un pays, et celle de douloureux souvenirs, qui va être ravivée.


La mission d’Ernesto est de travailler sur le devoir de mémoire, celui de la réhabilitation de ces morts, afin qu’ils puissent enfin trouver la paix, et que leur famille puisse faire leur deuil. Un deuil omniprésent, à travers l’absence de tous ces hommes, qui manquent à des femmes, à des frères et des sœurs, à des fils et des filles. Il accable Maria, mais aussi Ernesto. Et, de manière plus large, il accable le Guatemala tout entier. En effet, Nuestras Madres propose de rouvrir une page sombre de l’histoire du Guatemala, dans le but de définitivement la refermer, de panser les plaies, et d’enfin rétablir la justice.


D’un point de vue purement formel, Nuestras Madres est très classique et académique, sans recherche particulière sur la cinématographie, misant davantage sur l’écriture et le contexte historique qui entoure l’intrigue. Sur ce point, le film de César Diaz s’avère intelligent et pertinent, parvenant à faire prendre conscience au spectateur toutes les conséquences de la dictature, à l’échelle de la société, et, plus précisément, à travers le personnage d’Ernesto, qui fait partie de la génération née à cette époque. Il y a, toujours, cette idée de retrouver des repères perdus, de rester digne face aux horreurs perpétrées par la dictature, pour cultiver l’espoir que cela ne se reproduise pas et, surtout, que l’on ne l’oublie pas.


César Diaz donne ici naissance à un beau film, qui a beau être classique sur la forme, mais qui est très efficace et maîtrisé dans son traitement du fond. D’une durée relativement brève (environ 1h15), il arrive à faire preuve d’efficacité tout en développant bien ses personnages, notamment celui d’Ernesto, synthèse à lui seul d’une génération née de ruines et de chaos, et porteuse d’espoir pour un pays qui ne veut plus revivre cette horreur. Ce sont aussi des portraits de femmes, ces nombreuses veuves, héritière d’un monde dépourvus d’hommes, qu’elles entretiennent à travers leur travail et la mémoire, devenant les mères du pays lui-même.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

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le 23 mai 2019

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