Il est si peu fréquent de voir un film guatémaltèque que Sens Critique n'a aucune photo ni du film ni des acteurs à proposer... on sent une lacune, là. Et c'est dommage, parce que celui-ci, il est carrément intéressant et plutôt bien interprété, à une ou deux mamies près, visiblement non professionnelles. Mais on s'en fiche qu'elles disent leurs répliques un peu platement où lorgnent vers une anti-sèche aussi discrètement que je rapine dans le frigo la nuit en me prenant les pieds dans mes jambes de pyjama, parce que cette histoire méritait d'être racontée : en 1982, des militaires, dûment rémunérés par les impôts du peuple, ont mis leurs propres employeurs en coupe réglée et perpétré au passage quelques actes de barbarie bien glauques, encouragés qu'ils étaient par un gouvernement grisé par son impunité. Comme à peu près dans tous les pays d'Amérique Centrale à la même époque. Épidémie ? Virus interstellaire ? Hystérie collective ? Le film tranche moins que moi - je vous épargne mon couplet sur Kissinger - mais déroule patiemment le fil de la quête de vérité d'un tout jeune médecin légiste qui va, au contact des femmes bafouées et dignes de son pays, toucher du doigt cette tragédie semi-continentale ourdie dans les bureaux aseptisés de fonctionnaires corrompus - et surtout, complètement marteaux. Je préfère ne rien dévoiler de son cheminement intime, qui constitue le fil rouge de cette lente descente aux Enfers et débouche sur une remontée à l'arrachée qui force le respect. Quand même, quand on va ouvrir les yeux sur la véritable nature de cette époque qui s'achève, la honte risque de nous pulvériser, tout bonnement. Il faut voir la vérité en face : nous avons traversé les ténèbres les plus poisseuses. Je suis contente d'être là pour voir comment on va se sortir de là...