Parcours christique blasfematoire.
Deuxième partie du parcours d'une nymphomane par Von Trier. Et on peut en conclure que le danois a bien tapé dans la fourmilière encore une fois. Choquant, violent, symbolique, métaphysique et mystique, son diptyque (qui est en fait un seul et même film coupé de façon anarchique, arbitraire et clairement dégueulasse par son producteur, histoire que ce soit un peu plus simple à diffuser au cinéma) est très bavard, très mécanique et très imprévisible.
Le montage déjà. On en parle ou bien ? Certes, version cinéma ok. Mais bon, raccourcir le film ne doit pas prévaloir sur la cohérence des plans. Or, et dans les deux parties, certains plans s'enchainent sans jamais essayer d'adoucir la coupe. On se retrouve alors souvent avec deux plans l'un à la suite de l'autre, avec les mêmes personnages mais sans aucune logique dans la continuité de l'action. C'est brutal.
Mais bon, c'est en soi le seul défaut objectif de l’œuvre raccourcie de Von Trier. Après, il n'y a que le goût et les couleurs comme on dit. Car Nymphomaniac est le genre de film qu'on adore ou qu'on déteste. Entre le rituel mécanique de la narration qui colle au rituel mécanique de la vie sexuelle de Joe, les remarques culturelles pleines de sens de Seligman qui contraste avec le récit terre à terre de Joe, le film prend petit à petit le chemin du berger qui guide le mouton, où le berger serait l'esprit et le mouton le corps, le culte du plaisir charnel et le culte du plaisir intellectuel. Lars Von Trier s'amuse à faire suivre à sa nymphomane un parcours christique, avec tout les passages obligés, le sacrifice pour retrouver sa plénitude et guider les hommes. Le réalisateur se paye une bonne tranche de l'église catholique sans jamais la citer ou presque.
Et la fin va vous scotcher. D'abord cruelle, elle nous parait ensuite ridicule, pour ensuite comprendre qu'elle est là pour bien nous signifier que Joe est bel et bien arrivée à sa rédemption, et que l'Homme est irrattrapable, quel qu'il soit. On peut aussi le voir comme un passage de témoin, où les rôles s'inversent, où l’intellect cherche le charnel et vice versa. Bref, et comme d'habitude, c'est un film qui vous fera gamberger, et dont vous n'en ressortirez pas le même.