Je cherchais, sans succès, ce DVD depuis plus de 10 ans… Jean-Baptiste Thoret vient de le sortir, merci. Après le succès inattendu de La 317e section, Pierre Schoendoerffer propose un polar à son producteur Georges de Beauregard ; un policier original, sans truand ni policier. S’il quitte la guerre, il n‘en a pas pour autant fini avec les guerriers, Objectif 500 millions pourrait être la suite de La 317e section. Souvenez-vous, Bruno Cremer y incarnait un vieil adjudant, rescapé de la seconde guerre mondiale, qui, plongé dans l’enfer laotien, en réchappait pour mourir en Algérie dans le Crabe-Tambour.
Nous retrouvons Cremer en capitaine parachutiste déchu et passablement suicidaire à Paris. Richau a participé avec son régiment, qui pourrait être le 1er REP, au putsch d’Alger. Livré par un faux frère, il a été condamné à la prison. Libéré depuis peu, il erre comme une âme en peine. Son pays l’a déçu. S’il invoque le climat : « Je voudrais la jungle et la mousson », il est manifestement en manque de danger et de virile camaraderie. Le capitaine s’ennuie. Jadis, en Algérie, avant la reddition, ils s’étaient promis de partir, ensemble, pour l’Amérique du sud afin d’y créer un phalanstère. Il ne leur avait manqué que de l’argent. Une belle inconnue lui propose un braquage à l’avion postal, un coup à 500 millions conçu par un pilote (Jean-Claude Rolland), ancien de l’Indo.
Cremer livre un très convainquant capitaine, tout en distance ironique et orgueilleuse : « Il n’y a que trois métiers pour un homme, capitaine, roi ou poète, malheureusement je ne suis pas poète. » La froide et passablement sophistiquée Marisa Mell est trop belle pour eux. Difficile de croire que cette mannequin à succès puisse se perdre avec ces deux marginaux. Rolland est plus convaincant, le malheureux se suicidera peu de temps après le tournage
Si les dialogues sont un peu trop « écrits » : « Il y a beaucoup de sang dans le corps d’un homme. On pas tant qu’on ne l’a pas vu. » le scénario reprend les obsessions de Schoendoerffer : l’honneur perdu, l’amitié déçue et la détestation de la prison, mais sur un mode tragique. Il n’y aura pas de de rédemption pour Richau.
L’image est belle. Le réalisateur joue avec brio avec les miroirs, les profondeurs de champ et les clairs-obscurs. La montée aux extrêmes est réussie et les dernières images évoquent le travail de Jean-Pierre Melville.
« Nous n’avons pas seulement des armes
Mais le diable marche avec nous.
Ha, ha, ha, ha, ha, ha, Car nos aînés de la Légion
Se battant là-bas, nous emboîtons le pas. »