Après La 317ième Section, film hautement autobiographique et où il restait dans une veine quasi documentaire (et accessoirement toujours le meilleur film de guerre français), Schoendoeffer retrouve Bruno Cremer et son charisme de barge (clairement, ce mec aurait mérité une plus grosse carrière) pour s'attaquer au cinéma de genre (le film de casse) et accessoirement donner dans un registre autrement plus travaillé. Alors, les vieilles habitudes sont toujours là, les personnages sont tous d'anciens bidasses, ça causse guerres (Algérie, Indochine, Yémen, et même les ricains au Vietnam) tout du long, et on a du décor naturel et une caméra au plus près des persos, façon docu. Mais on a aussi un travail sur la lumière, tout du clair-obscur qui est vraiment intéressant, et qui très souvent dit aussi quelque chose du personnage de Cremer, de son état d'esprit. Parce que c'est aussi une des force du film, que de garder, tout en respectant à la lettre les fondamentaux du genre, cet intérêt pour ses personnages et leur profondeur, quand bien même ceux-ci sont en rupture de tout. Que ce soit celui de Cremer, soldat rebelle désabusé jusqu'à l'anarchisme, ou celui de Marisa Mell, aussi intrigante et mante religieuse que dans Danger: Diabolik (et parce que je dois contractuellement le dire à chaque fois que je le mentionne: Meilleur Film du Monde), mais qui montre peu à peu sa fragilité.
Bref, un polar à la fois classique et atypique, et surtout vraiment bien.