Malgré un sens visuel indéniable, Joseph Kosinski ne m'avait pas franchement convaincu avec son "Tron Legacy", suite tardive et inutile du classique expérimental de Disney. Le bonhomme passe à nouveau derrière la caméra et adapte son propre comic-book.
De "2001" à "Solaris" en passant par "Zardoz" ou "Total Recall", "Oblivion" bouffe à tous les râteliers et c'est peu de le dire, nous faisant une nouvelle fois le coup du gentil petit soldat découvrant un jour qu'il ne bosse pas forcément pour le bon camp. A force de piocher par-ci par-là, "Oblivion" en devient ainsi extrêmement prévisible et ses deux ou trois twists ne surprendront finalement personne.
Est-ce à dire que "Oblivion" est raté ? Certainement pas. Car si Kosinski noie son film sous les références prestigieuses, son récit n'en reste pas moins cohérent et surtout, son univers visuel fascinant. D'une belle épure et limitant le plus possible les habituels fonds verts au profit de superbes paysages naturels, "Oblivion" est formellement une belle réussite, la mise en scène impeccable et soignée de Kosinski étant renforcée par des effets spéciaux dans l'ensemble impeccables.
Cachant derrière son gigantisme de blockbuster un récit étonnamment intimiste, "Oblivion" est avant tout une belle histoire d'amour contrariée, un triangle amoureux fort intéressant quand il s'attarde sur la relation complexe entre un Tom Cruise une fois de plus affuté et sa froide binôme parfaitement incarnée par Andrea Riseborough. A leurs côtés, le reste du casting s'en sort bien, même s'il est fort regrettable que les résistants humains soient à ce point sous-employés.
Bon petit film de S-F au happy end délicieusement déviant, "Oblivion" est tout sauf original mais n'en reste pas moins divertissant et formellement abouti, même s'il serait désormais intéressant de voir Joseph Kosinski aux commandes d'un script cette fois un brin plus novateur. Wait and see.