Tom Cruise essaie de se refaire une image, et malgré des films piteux ces derniers temps – j’en veux pour exemple Jack Reacher – Oblivion sonne un renouveau pour l’acteur dans lequel il se voit offrir un rôle de qualité. Malgré tout, cela en fait-il une réussite totale ? Joseph Kosinski à t-il répété les même erreurs que sur Tron ? C’est à dire un film planant, mystérieux et magnifique mais incroyablement plat et ennuyeux ? Je serais tenté de dire que oui, malheureusement.
Démarrant assez lentement, Oblivion surprend en premier lieu par son visuel léché ou les panoramas dantesques se mêlent au design d’un Joseph Kosinski qui sait ce qu’il fait. A l’image de Tron, il arrive encore à nous époustoufler grâce à un univers riche et un côté technologique aux antipodes de ce qu’on l’on peut voir en général quand il s’agit de représenter le futur à l’écran. Malgré une introduction assez piteuse et mal amenée nous expliquant pendant cinq minutes où l’on se trouve et ce qu’il passe, le film nous prend doucement par la main, apposant durablement son rythme doux et pourtant suffisamment rapide lorsqu’il s’agit de s’envoler ou de courir, le réalisateur maitrisant avec brio sa caméra dans chaque recoins où il vient la poser. Cela faisait un bout de temps que je n’avais pas vu un univers aussi bien présenté visuellement, Prometheus n’ayant pas réussi ce tour de force. Je ne peux que saluer le travail de Kosinski qui m’a réellement enchanté durant toute la séance en montrant qu’il savait maîtriser aussi bien l’univers digital que post-apocalytpique.
Alors où est-ce que ça coince ? Eh bien dans tout le reste, malheureusement, le réalisateur se retrouvant avec un scénario mal structuré, mangeant à tous les râteliers et cumulant les poncifs. Love story inutile, personnages secondaires figuratifs, messages de rébellion cent fois entendus… Oblivion enchaîne toutes les erreurs possibles pour finalement nous endormir tant le tout devient prévisible. Étant donné que le rythme du film ne s’accélère pas plus que ça et que le montage ne peut s’empêcher de clôturer les séquences par un fondu au noir feignant, on commence sincèrement à s’impatienter quand on sait d’autant ce qu’il va se passer. Un peu comme si quelqu’un prenait trente minutes pour vous raconter une blague dont vous connaissiez déjà la chute. Le meilleur du pire étant cumulé sur la fin à coups de références appuyées et évidentes : entre Matrix, Independance Day ou encore 2001, vous pourrez vous amuser à énumérer les différents classiques mais cela ne vous exposera finalement que la vacuité de la chose. Oblivion ne repose que sur un seul personnage, Tom Cruise, qui heureusement se trouve être convaincant et parfaitement adapté au personnage décrit. Il arrive facilement à jongler entre les différents registres qu’on lui impose et son sérieux nous accroche malgré tout à ce film plat. Le reste oscillera entre le bon et le mauvais, entre une Olga Kurylenko potiche et aussi inutile que dans Quantum of Solace ou un Morgan Freeman en fin de course.
Bref Oblivion aurait pu être une réussite totale, un véritable petit bijou si celui-ci s’était retrouvé doté d’un scénario honnête qui ne cherche pas à en mettre dans tous les coins au point de se fusiller lui-même. Références mal intégrées, messages poncifs et neuneus, personnages sans envergure et structure narrative bordélique l’empêche de s’envoler véritablement. Malgré tout l’on reste accroché devant ce film d’une beauté visuelle irréprochable où les panoramas grandiloquents se mêlent aux ruines et où la virtuosité de la réalisation de Kosinski finit de nous emporter tant cela est gracieux. Malgré un score parfois pompeux et un scénario risible, Oblivion marque le retour de Tom Cruise et arrivera malgré tout à passionner quelques personnes pour son côté moderne et écarlate. Encore faut-il pouvoir faire abstraction du reste…