Présenté à la 56ème semaine de la Critique à Cannes, Oh Lucy! est l'adorable tragi-comédie japonaise qui manquait au festival pour le rendre plus humain.
La vie sans saveur de Setsuko (Shinobu Terajima), quarantenaire neurasthénique, prend un tournant insolite lorsqu'elle décide de prendre des cours d'anglais avec John (Josh Hartnett). Affublée d'une perruque blonde, elle se fait appeler Lucy, envoie tout balader et embarque sa sœur dans une folle virée en California.
Ce pitch laisse présager d'une sorte de Thelma et Louise à la japonaise mais il n'en est rien : Oh Lucy!, d'une mélancolie teintee d'impertinence, refuse de glamouriser la crise de la quarantaine de son héroïne. Le cri de délivrance de Setsuko, non sans conséquence, est un long chemin pavé de petits bonheurs mais surtout de fiascos assez pathétiques, dans lesquels on se reconnaîtra forcément en partie. Le revers de ce parti-pris est un traitement assez réaliste de l'image et on aurait souhaité vivre quelques moments d'exception, quelques instants de grâce visuelle qui amènerait le film d'Atsuko Hirayanagi beaucoup plus haut.
Oh Lucy! transcende la peur de vieillir pour façonner cette jolie fuite en avant, projection douce-amère de nos désillusions.