Cette petite comédie à la fois romantique et existentielle avait tout pour plaire et nous charmer avec son clash culturel entre le Japon et la Californie, comme une petite sœur de « Lost in translation ». Mais, tirée d’un court-métrage, elle aurait du garder son format initial tant sa réalisatrice ne parvient pas à rendre intéressant sur le long terme son amusant postulat de départ. Comme si elle prenait régulièrement les mauvaises décisions pour ne pas faire fructifier l’excellent matériel de base qu’elle avait à sa disposition. On est au Japon de nos jours. On suit la vie banale de Setsuko, employée de bureau à la vie terne et triste, qui va prendre un autre tournant lorsqu’elle va assister à un cours d’anglais donné par un professeur tout à fait charmant dont elle va s’éprendre. La peinture d’un Japon où l’aliénation par le travail est toujours présente s’avère intéressante mais pas assez fouillée. Et si le début de la première partie intrigue, il manque de scènes de cours entre Setsuko et son professeur, joué par le revenant Josh Hartnett à qui ce rôle va comme un gant, pour qu’on croie réellement à cette histoire. Surtout qu’une seule scène de cours n’est pas suffisante pour rendre crédible tout cela. Dommage que la néo-cinéaste Atsuko Hirayanagi n’ait pas davantage capitalisé sur ces échanges scolaires iconoclastes, l’unique séquence du film ayant le mérite d’être pleine de drôlerie et de situations cocasses. On reste donc sur notre faim à ce niveau.
Le film étant coupée en deux parties distinctes, celle au Japon et celle en Californie, la seconde souffre des mêmes problèmes que la première au niveau de l’intérêt et du rythme. Si au début on s’amuse de l’arrivée de Setsuko et sa sœur au pays de l’Oncle Sam, par le biais de quelques séquences plutôt drôles mettant en avant les querelles entre la sororité et le décalage culturel entre les deux pays, la suite devient beaucoup plus monotone et décevante. Hirayanago ne réussit pas à nous passionner pour son scénario qui prend des chemins de traverse pas vraiment intéressants finissant par nous mettre dans un état d’ennui poli. Et quand « Oh Lucy ! » fait le choix de la gravité en lieu et place de l’humour c’est encore moins pertinent. On nage alors dans ce que le cinéma indépendant américain fait de plus classique et anodin et on finit par décrocher. Dommage que le fossé culturel entre Japon et Etats-Unis n’ait pas été plus creusé, dommage que la cinéaste n’ait pas octroyé à son film plus de séquences drôles et décalées car le potentiel était là et dommage que « Oh Lucy ! » ne se soit pas transformé en la petite chronique bourrée de magie et de nostalgie qu’elle aurait pu être. Au final, si ce long-métrage n’a rien de déplaisant ou de raté, il est juste devenu totalement insignifiant.
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