Pourtant confié à Spike Lee, qui signe son premier remake, le long-métrage propose une esthétique éblouissante, un casting de choc et n'aseptise aucune scène. Autre point qui pouvait un tant soit peu rassurer, le film a beau copier-coller son prédécesseur visuellement (les travelings, cadrages et plans-séquences sont respectés à la lettre), il parvient à réadapter le scénario du film de Park Chan-Wook (et du manga de Garon Tsuchiya) pour le public occidental.
Seulement voilà, conservant le matériau brut de l'histoire, le remake le simplifie, comme pour s'intégrer à une matière grise moins développée Outre-Atlantique peu propice à écouter des histoires d'hypnoses à l'atmosphère quasi-fantastique. Le fan sera déçu, le novice presque subjugué par un scénario si machiavélique. La fin est donc modifiée mais dans le mauvais sens, hélas, retirant tout le génie du film original pour livrer un simili moins réussi. On sait que Spike Lee n'a pas eu le director's cut sur Oldboy et que les producteurs ont coupé de nombreuses scènes, cela n'empêche pas le film d'être une déception.
De l'interprétation inégale de Josh Brolin à celle, surprenante, de Sharlto Copley en passant par la musique basique de Roque Baños, la photographie toc et l'impersonnalité flagrante flottant au-dessus de ce remake, on ne peut qu'être déçu. Mais encore une fois, celui qui n'a jamais vu l'original risque d'adorer ce nouveau produit, même s'il est malgré lui aseptisé en dépit de séquences violentes mais dans le fond grotesques (les scènes avec Samuel L. Jackson peuvent en témoigner). Au final, partant d'une bonne intention et essayant de s'imposer comme une réinterprétation de l'excellent film de Park Chan-Wook, Oldboy reste un remake raté, certes regardable mais qui ne nous pousse qu'à regarder le chef-d'œuvre original.