Omar est ce jeune homme au visage d’ange et au nez cassé : un individu qui poursuit le rêve assez banal d’épouser la fille qu’il aime et de s’installer avec elle. Mais Omar est aussi un palestinien pour lequel ce rêve ordinaire est finalement bien plus inaccessible qu’il n’y paraît. Le film d’Abu Assad joue sur cette double dynamique : s’il s’agit avant tout d’un thriller amoureux, Omar est aussi un film sur l’occupation. L’image symbolique d’un homme qui escalade quotidiennement le mur qui le sépare de celle qu’il aime résume assez bien ce dytique. Dès lors, ce long métrage oscille entre des scènes d’une grande tendresse et une violence crue dont notre jeune héros porte les stigmates sur son visage.

Omar et ses deux amis d’enfance, Amjad et Tarek sont des résistants à l’occupation. Lors d’une expédition punitive, Amjad tue un soldat palestinien. Traqués par la police israélienne, Omar est le seul des trois à être attrapé. Devant son refus de révéler le nom du tireur, il est torturé et retenu dans une prison au milieu de la Cisjordanie. Omar refuse de coopérer, mais son absence d’aveu est déjà une preuve de culpabilité pour ses juges. Sa phrase « Je n’avouerai jamais » devient un instrument de chantage contre lequel il n’y a pas d’alternative satisfaisante : soit il accepte de livrer le coupable, soit il meurt en prison.
Omar réintègre alors une cellule en crise où chacun soupçonne l’autre de s’être vendu à l’occupant. Lui-même est le traitre idéal : il a été libéré sans raisons. Le spectateur ne comprend d’ailleurs pas bien ce qu’Omar compte faire. En réalité, il semble que la seule raison qui pousse Omar à revenir est Nadia.

La pureté de leurs rencontres, qu’ils développent dans le respect des traditions, s’oppose à la bestialité des hommes qui les entourent. Omar et Nadia s’aiment à distance et construisent une complicité par petits mots échangés secrètement. Ils se racontent des histoires afin de nourrir leur imaginaire et rêvent d’un départ loin d’un monde au sein duquel l’avenir semble suspendu. La simplicité de leur relation, bien qu’un peu naïve, est un havre de douceur que les autres regardent avec un peu trop d’envie…
Bien malgré elle, Nadia va se retrouver au centre d’un jeu de dés où se mêlent des enjeux militaires et affectifs et Omar finira par apprendre à ses dépens que ses ennemis ne sont pas seulement politiques. Malgré la force des coups, il n’y a finalement pas de pires douleurs que celles du cœur. La dernière demie heure du film nous livre une épopée tragique où chacun se demande qui a trahi l’autre. A la magie de cette union succède un désespoir silencieux. L’image d’Omar qui échoue à se hisser de l’autre côté du mur de séparation symbolise la lassitude d’un personnage qui a perdu toute envie de vivre alors même qu’il ne risque plus rien.
C-L
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le 21 oct. 2013

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