On a failli être amies par Hugo Harnois
Les femmes prennent le pouvoir. Maintenant, c'est elles qui trompent leurs maris et font cocu à leurs copines. C'est elles qui veulent prendre la tangente pour se construire une identité, à elle, et certainement pas pour plaire à leurs conjoints. Carole est fatiguée de travailler pour son mari, cuisinier hors pair. Elle rencontre Marithé, elle aussi perdue dans un gouffre sentimental, qui va l'aider à trouver sa voie.
On décèle chez Le Ny une volonté de départ intéressante. Faire ressortir l'image de la femme sous tous ses aspects, sensuelle, courageuse, combative mais aussi jalouse et calculatrice. En cela, On a failli être amies réussi ses deux figures féminines avec leur relation ambiguë. Mais de trop nombreuses facilités narratives et des dialogues schématiques ternissent ce postulat de départ.
Tout est prévisible alors que la chute narrative n'arrive que trop tard, et les caractères froids ainsi que distants des deux protagonistes nous éloignent de l'intention première de la réalisatrice : celui d'éprouver de la compassion pour ces femmes se trouvant à un tournant de leur vie. Le jeu parfois forcé de Viard et Devos ne correspond pas à la spontanéité dans laquelle le récit veut baigner, tandis que Zem a trouvé le naturel qui manque à ce film, parfois inconsistant.
On préfère aux moments de règlements de comptes attendus des moments francs et improvisés, comme celui où Marithé déguste un dîner que Sam lui a concocté aux cuisines. Cette dernière savoure à pleine bouche ces mets de qualités, telle une renaissance assumée qui se voit subtilement à l'image. Ce sont ces genres de moments qui manquent à ce film un peu trop conventionnel, et pas assez libérateur.