Bon ben, sans surprise diront les mauvaises langues, y'a rien qui va. Comme d'habitude avec ce genre de documentaires, c'est bardé d'interventions moralisatrices et de pleurnicheries de la protagoniste (ouin ouin grossophobie, ouin ouin la méchante société, ouin ouin les fauteuils de cinéma ne sont pas adaptés aux gros derches, ouin ouin et d'abord pourquoi ce serait de ma faute si je ne me contrôle pas, etc), par ailleurs insupportable de cuistrerie et d'égocentrisme. Parce que oui, ce documentaire n'est, contrairement à ce que je pensais, pas un documentaire sur l'obésité en France, mais bien un documentaire sur sa réalisatrice/actrice. Qui ne dit finalement quasiment rien de ce que c'est d'être et de vivre obèse aujourd'hui en France. Et à ce sujet, j'aimerais bien savoir d'où elle sort le nombre de 10 millions d'obèse en France, parce que si j'en crois le site solidarites-sante.gouv.fr, ils n'étaient "que" 8 millions en septembre dernier. Donc soit 2 millions d'obèses supplémentaires sont apparus en neuf mois (et même moins que ça, le documentaire ayant nécessairement été écrit et mis en boîte avant le confinement), auquel cas la situation est effectivement problématique ; soit la fille sort les chiffres de son chapeau magique et c'est affligeant pour ce qui se présente comme un documentaire.
Et alors en plus des habituels ouin ouin de service de rigueur lorsqu'on aborde un sujet pareil, il faut aussi se farcir ici trois scènes de fiction d'un futur dystopique imaginé par la protagoniste, dans lequel les gros sont taxés voire traqués par la police. Trois scènes absolument ridicules d'exagération et de beauferie qui ne mettent finalement pas tant en exergue les fameuses discriminations grossophobes (sic) fantasmées par la narratrice - comme elle le souhaiterait sûrement - mais plutôt la chance qu'elle a de vivre son obésité dans ce pays à cette époque. Parce qu'au fond, si ton drame, c'est de ne pas pouvoir t'asseoir confortablement au théâtre (et là, je te rassure, personne n'est confortablement assis au théâtre) et de te faire traiter une fois de temps en temps de grosse dondon par des petits cons (par ailleurs inoffensifs), c'est que ta vie n'a rien d'un enfer. Mais bon, la pleurniche étant le moyen pour beaucoup de se sentir exister, je comprends bien que ce soit plus facile de faire un documentaire sur sa vie (inintéressante par ailleurs, quel orgueil) qu'un rééquilibrage alimentaire.
Puis la scène de rencontre avec la classe de collégiens, argl... la protagoniste qui, à un garçon qui lui demande si elle a déjà couché (question passionnante), répond que oui, bien évidemment qu'elle a déjà eu des petits copains, des compagnons ainsi que des "one-shot" (misère), tout ça avec la fierté mal dissimulée de celle trop ravie de pouvoir enfin s'autoriser ce petit éclair de vanité d'habitude réservée aux autres (les jolies filles)... le malaise... le pompon étant à la toute fin de la scène, lorsque la petite blonde intervient en expliquant à l'héroïne que "Nan mais moi, madame, je trouve que vous êtes une femme forte, hein avec tout ce que vous avez vécu", ceci en essayant de conserver l'air le plus grave possible, alors que c'est marqué sur son front qu'elle dit ça juste pour se faire mousser et que vingt minutes plus tard, elle se foutra allègrement de sa gueule devant ses copines dans la cour de récré... comment ne pas s'arracher les cheveux devant un étalage aussi grossier de bien-pensance, sérieusement... pourquoi tu gardes ça au montage, merde ?
Heureusement que la canette de Coca et la boîte de Fingers que j'ai descendues en regardant ce truc étaient là pour m'aider à tenir le coup, sans quoi je craquais.