Trinita,aventurier désinvolte et tireur ultra rapide,arrive dans une petite ville où il retrouve son demi-frère Bambino qui est le shérif du patelin.Mais il a en réalité usurpé ce poste qui lui sert de couverture pour préparer un lucratif vol de chevaux.Les deux frangins ne s'entendent guère mais vont cependant faire le coup ensemble.Voici donc le film dont le succès lancera la carrière du duo Terence Hill-Bud Spencer qui avaient déjà travaillé plusieurs fois ensemble sans connaître la même réussite.Ils sont ici entourés de collaborateurs qui les accompagneront tout au long de leur carrière comme le producteur Italo Zingarelli ou le réalisateur et scénariste E.B. Clucher,de son vrai nom Enzo Barboni.Il s'agit d'une parodie de western spaghetti,genre lui-même parodique du western américain,et manifestement trop de parodie tue la parodie.En résulte un film résolument tourné vers la comédie,mais c'est tellement lourd et infantile que ce n'est jamais drôle,à part peut-être pour un très jeune public.Malgré tout,c'est assez réussi sur le plan technique grâce à la belle photo d'Aldo Giordani qui met en valeur de magnifiques décors typiques du spaghetti avec d'immenses paysages arides et désertiques,des rues poussiéreuses et des bâtiments délabrés.On cultive au niveau des personnages une ambiance à la Sergio Leone,les mecs étant crasseux et portant des vêtements troués.Franco Micalizzi a composé une excellente musique western ,sans toutefois égaler Morricone, le même thème étant utilisé de manière trop répétitive.Mais le ton outrancier,les péripéties ridicules et la surenchère de guignolades non maîtrisées ont tôt fait de condamner l'oeuvre à la nullité irrécupérable.Nos héros bouffent comme des porcs,font mine de se disputer et sont invincibles au gunfight comme à la baston.Clucher tente jusqu'au bout d'imiter Leone en étirant au maximum ses scènes et en abusant des gros plans sur les yeux des protagonistes.Du reste,les dialogues sont peu nombreux,ce qui est une chance étant donné leur idiotie,et le réalisateur se cantonne au visuel en se concentrant sur les regards et la gestuelle.Hélas il est incapable de créer de la tension tant l'histoire et les personnages sont dépourvus de ce qui faisait le sel dans le spaghetti,à savoir l'ambiguïté,la cruauté et la violence.Ici,tout est niais,édulcoré,sans enjeu.Pire,on nous inflige une fable moraliste de seconde zone à travers les agissements de Trinita qui est une sorte de Robin des Bois.Le gars fait mine de vouloir aider son frère mais il est en quelque sorte l'ange gardien chargé de l'empêcher de s'écarter du droit chemin.Redresseur de torts infatigable,il aide les opprimés,mexicains de préférence,et surtout une communauté de mormons qu'un propriétaire terrien mafieux veut virer de la région.On a donc bien affaire à un sous-texte catho-marxiste et on est abreuvé de sermons prononcés par des barbus non-violents.A eux deux,Trinita et Bambino vont venir à bout d'une quantité importante de bandits qui ne sont que des méchants en carton ayant à leur tête un notable en costard fourbe et distingué.Quelques bagarres énormes,la marque de fabrique des deux histrions,viennent émailler l'histoire et tirer le spectateur de la somnolence qui s'installe.Elles ne sont pas réalistes mais c'est spectaculaire et bien chorégraphié,c'est toujours ça.C'est l'occasion pour le colosse qu'est Bambino de flanquer des roustes mémorables avec une dérisoire facilité à des dizaines d'adversaires,faisant en ces moments penser à un certain Obélix.Car si on a souvent comparé Hill et Spencer à Laurel et Hardy,ils se rapprochent finalement plus d'Astérix et Obélix.D'ailleurs,curieusement,Hill incarnera en 91 un autre héros de Goscinny,Lucky Luke,dans un film qu'il réalisera lui-même.Les deux vedettes sont de bien mauvais comédiens,ils galéraient d'ailleurs depuis vingt ans dans le bis rital avant de tourner ce film,le pire étant sans doute l'interprète de Trinita.Car si Spencer reste sobre et sait se contenter de faire jouer ses muscles,l'autre se prend visiblement pour un acteur.Hill,pseudo de Mario Girotti mais rien à voir avec Massimo,tente en permanence de masquer son inexpressivité derrière un éternel sourire crétin et le bleu de ses beaux yeux.Il est doublé en VF par Patrick Poivey,dont la très reconnaissable voix aux intonations ironiques servira plus tard à Bruce Willis.Spencer,Carlo Pedersoli pour l'état-civil,est un ancien nageur de haut niveau qui a participé à de nombreuses compétitions internationales,notamment les Jeux Olympiques,avant de se reconvertir dans le cinéma.Sa force herculéenne et son gabarit d'armoire à glace lui permettent d'être crédible dans les scènes de bastons,ce qui compense partiellement son absence de talent dramatique.Il nous gratifie de son fameux "coup du pigeon" consistant à asséner sur le crâne de ses ennemis des coups de son poing volumineux. Le salopard de service,surnommé le Major,a les traits de Farley Granger,tombé bien bas en cette année 70.