Un réalisateur anglais ultra flegmatique à la voix monocorde se penche sur le cas des GM&S, entendez ces ouvriers de la Creuse qui ont tenté de faire pencher la balance de leur côté dans le cadre de la tentative de fermeture de leur usine alors qu'elle produisait des bénéfices. Un documentaire sur les méfaits de la mondialisation et du libéralisme en général, donc, tourné au plus près des premières victimes de ce système dément qui s'émancipe totalement des réalités humaines. Alors non, le propos n'est pas neutre, et c'est la principale qualité de ce reportage. Il s'agissait pour le documentariste de venir assister à une révolution en marche, plein d'espoir... il en a été un peu pour ses frais, mais en a tiré des images éloquentes qui parviennent à faire toucher du doigt le drame qui se nouait pour 270 ouvriers à la moyenne d'âge assez élevée, dans une région déjà sinistrée. Au final, une œuvre qui fait écho à l'excellent En guerre, avec Vincent Lindon, qui décrivait une lutte tout aussi désespérée, avec les artifices de la fiction. Sauf que là les acteurs sont de vraies personnes et que leur "performance" y gagne en intensité, parce que les vies qui se jouent, ce sont les leurs. Et on ressort de leur fréquentation le cœur lourd mais aussi plein d'espoir et de sympathie, parce que voilà des gens humbles qui ont parfaitement saisi les enjeux de ce qui se trame à Bercy ou à la City, sans discours grandiloquents ni doctorats. Et plein de respect aussi pour les modalités courageuses de leur lutte. Notre choix civilisationnel ne saurait être plus clair que dans les œuvres des réalisateurs contemporains, contrepoints nécessaires aux antiennes libérales répétées sur les chaînes de télé de masse... Une œuvre engagée, donc, qu'on devrait être nombreux à voir et à défendre.