Only God Forgives doit en fait être un film petit budget. Très, très petit budget. Tellement petit, qu’ils ont oublié les scénaristes et les dialoguistes. Les répliques n’ont ni consistance, ni cohérence, et les symboliques à deux sous qui parsèment le film m’ennuient (le fils soumis qui plonge la main dans le ventre de sa mère morte, les yeux crevés, le sabre d’exécution qui jaillit d’un fourreau invisible, les murs rouge sang). En fait, il y avait la matière pour un court-métrage d’une vingtaine de minutes, à peine : Refn vous le diffuse en slow-motion, ça remplit son heure et demie.
Il y a l’esthétique : une photographie plutôt séduisante (bien qu'ils abusent des filtres rouge/bleu/jaune, au choix), des plans symétriques et rigoureux, mais pas bouleversants malgré tout. La bande-son est plutôt bonne également, cependant sans surprise. Bien sûr, le visuel et l’auditif sont des éléments importants d’un film, néanmoins ils ne suffisent pas à faire un film.
(Du moins, pas avec Refn...)
Un film prétentieux qui, parce qu'il est dédié à Jodorowsky et à l'avant-garde, fait croire à Refn qu'il peut tout se permettre, on dira que c'est de l'art.
Ce film ressemble davantage à une séance de diapositives des vacances de Refn en Thaïlande : il a visité des salons de thé, des bars à putes, des salles de boxe thaï, et les petites rues. Au passage, sa vision du pays est assez calamiteuse : on est à Bangkok mais il n’y a pas même douze personnages dans tout le film. Séquence cliché : les asiat’ se battent forcément au sabre.
Un des rares films où on est soulagé de voir mourir les personnages, on se dit que la fin se rapproche et au fond de l’ennui, c’est une pensée réconfortante. A part peut-être Kristin Scott Thomas, aucun des personnages n’a d’épaisseur (Ryan Gossling ...), ce qui peut leur arriver ne nous intéresse pas une seule seconde. A jeter un rapide coup d’œil dans la salle de cinéma, on partageait tous cette pensée : deux sont partis avant la fin, un s’est endormi, nous autres nous retenions nos bâillements... résolus à voir si le film était sauvé par son dénouement (réponse : non, cette fin est une arnaque pseudo-avant-gardiste).
Néanmoins, Refn, merci pour une chose : ton film est impardonnable, mais les fous rires qu’il a provoqués dans la salle sont inoubliables...