L’Extraterrestre Only God Forgives
Après l’énorme succès de Drive, Nicolas Winding Refn nous emmène en Thaïlande sur fond de vengeance et de rivalité fraternelle.
Billy et Julian sont deux frères expatriés en Thaïlande. Lorsque le premier est tué, la mère réclame vengeance au second. Julian va alors très vite se retrouver confronté à Chang, un policier-justicier à la retraite.
Après visionnage du film, instinctivement, je me suis dit: c’est un grand film pas très accessible. Après réflexion, il me semble au contraire bien accessible. Only God Forgives est un film différent, différent de ce qu’on a l’habitude de voir, mais pas indéchiffrable pour autant! Parce que même si Nicolas Winding Refn fait appel à beaucoup de références dans son film (et que oui, tout le monde ne peut pas nécessairement tout connaître/comprendre), cela n’enlève rien à la compréhension de l’histoire! Toute la force narrative de ce film réside dans sa recherche de symboles, les dialogues ont été remplacé par des scènes, presque des tableaux, des images qui parlent et qui disent non seulement bien plus mais de façon beaucoup plus forte. Si toutefois le public se retrouve en difficulté devant ce film, c’est que de toute évidence, il n’est pas assez mis mal à l’aise en face du grand écran, et c’est bien dommage.
Pourquoi Only God Forgives est tellement différent, mais tellement bon:
- Parce que ce n’est pas un film prémâché burrito, vous n’allez pas vous contenter de le manger, de le digérer, et de l’oublier.
- C’est une performance esthétique dans des tons rouges et bleus saturés, symbole de la nuit, de la violence, et du contraste qui oppose Julian à Chang.
- Parce que ce film est, vous l’aurez compris, bourré de références et de symbolisque.
- Parce que la mise en scène est sublime. Hyper photogénique et presque superficielle, mais sublime malgré tout.
- La B.O. de Cliff Martinez est une fois de plus géniale
- Parce qu’il prouve qu’il peut apporter du contenu avec très peu de dialogues, qui par ailleurs sont tous très frappants
- Parce que les acteurs sont bluffants. Si Ryan Gosling est sur l’affiche, l’incroyable performance à retenir est celle de Kristin Scott Thomas, presque terrifiante tant elle est méconnaissable.
- Bon, et pourquoi pas 5* alors? Bah justement, j’ai la nette sensation de ne pas avoir saisi toute l’ampleur du film et tous ses symboles. Mais après, c’est purement personnel
Néanmoins, le film reste l’un des meilleurs que j’ai vus jusqu’à présent en 2013, et surtout, c’est une vraie proposition artistique.
Autant Drive, unanimement salué, marquera les mémoires pendant longtemps car c’est un chef-d’oeuvre, autant on risque de voir toute la richesse et la grandeur Only God Forgives que dans quelques années, quand il se démarquera encore plus par sa singularité.