J'avais entendu parlé de cet homme qui, alors que la guerre était finie, avait continué à vivre comme s'il était toujours en guerre. J'ignorais les détails de ces années passées, et même s'il était seul ou accompagné pendant tout ce temps. Je le voyais un peu comme un Laurel, dans "Têtes de pioche" qui a bercé mon enfance, à tourner sans discontinuer dans sa tranchée. La réalité est tout autre, et bien plus cruelle. Envoyé par un gouvernement aux abois dans un territoire mal connu et pas véritablement sous contrôle, il doit faire face aux autres soldats, qui n'ont pas tous la même volonté que lui, au bout de 4 ans de guerre, de se battre jusqu'au bout. Il doit aussi faire face aux éléments, à la nature hostile parfois, aux habitants de l'île, et même à lui-même. Le sens du devoir et de l'honneur japonais, si éloignés de nos conceptions occidentales, et à l'inverse, l'absence de sens de l'individualité, font de ce film un ovni cinématographique pour nous, et nous ne pouvons que difficilement le comprendre. Pour moi les meilleurs scènes sont celles où le héros, alors que l'on vient les chercher, refuse la réalité pour lui préférer le respect à l'ordre donné et le monde chimérique qu'il crée, pour justifier son choix. Le film est long. La photographie est en dessous de ce que l'on aurait pu en attendre. En revanche, les comédiens se donnent complètement dans leurs rôles et nous font vraiment vivre l'enfer de cet isolement forcé. Important pour l'histoire. A voir, au moins une fois.