Onoda (10 000 nuits dans la jungle) est un film racontant l'Histoire (véritable !) du sous-lieutenant japonais Hiroo Onoda, posté sur l'île de Lubang (Philippines) en 1944. Une particularité le distingue de ses frères d'armes: formé dans une école secrète par le charismatique major Taniguchi, Onoda ne doit pas mourir pour l'Empereur en affrontant ses ennemis américains, mais bel et bien résister le plus longtemps possible, se cacher, mener une guérilla, et tenir l'île jusqu'au retour des forces nippones, sur la défensive (voire quasiment en déroute) en cette fin de Seconde Guerre mondiale.
Si le scénario d'Onoda (le film) ressemble à première vue à celui d'une production lambda traitant du dernier conflit mondial, son originalité vient du fait qu'Onoda (le soldat), laissé avec une poignée d'hommes sur Lubang, n'aura pas vent de la fin du conflit en août 1945, et, lorsqu'il l'apprendra, ne voudra pas y croire (comme un grand nombre de ses compatriotes). Hiroo Onoda devient donc, coupé de la civilisation et de toute communication, un "zanryū nipponhei", ou "traînard", officiellement disparu au cours de la reconquête américaine des Philippines.
Point donc de massacres d'ampleur, de déluge de feu, de lance-flammes ou de charge banzai : si vous souhaitez revivre The Pacific, passez votre chemin.
Onoda se veut au contraire une production presque contemplative, où la violence du conflit laisse place à la découverte d'un environnement paradisiaque et hostile à la fois, à de longs moments d'attente et de solitude (souvent). L'absurdité du conflit, l'opposition entre la difficulté de la survie et la volonté de tenir pour retrouver ses proches et honorer son pays, la fracture cognitive entre les valeurs du soldat resté dans les années 1940 et la jeunesse progressivement occidentalisée du Japon et des Philippines, tout est abordé dans ce film de presque 3 heures.
Cela peut paraître long, mais il aurait été difficile de faire ressentir l'aventure à la fois si incroyable et si ennuyeuse du sous-lieutenant Onoda en moins de temps.
Mention spéciale pour la scène de fin montrant Onoda quitter, après 30 ans de vie dans la jungle, l'île de Lubang, profondément touchante en ce qu'elle arrache le soldat de la terre qu'il a parcourue, cartographiée et défendue pendant 10 000 jours et nuits, tout en annonçant le retour de ce vieil homme à un pays qui n'il ne reconnaîtra pas.
Soutenu par un jeu d'acteur convaincant, et une bande-son magnifique, Onoda se paie le luxe d'être à la fois un très bon film de guerre, un très bon film d'aventure et un excellent "docudrame".
Franchement, 2h54 de votre temps, ce n'est pas cher payé pour 10 000 nuits dans la jungle.