Operation Mekong
5.6
Operation Mekong

Film de Dante Lam (2016)

Le meilleur et le pire des blockbusters Hollywoodiens version chinoise

Le réalisateur Hong Kongais Dante Lam a toujours eu une fascination pour les jeux de guerre. Dans le cadre de l’industrie cinématographique locale, cela se matérialisait sous la forme de films de SDU (Special Duty Unit). L’équivalent hong kongais du GIGN y punissait les criminels et autres terroristes qui avaient eu le malheur de vouloir semer la zizanie dans la ville grâce à leur puissance de feu et leur discipline de fer. Sous l’action conjuguée de la montée en puissance du marché chinois et d’une censure de plus en plus restrictive concernant la description d’une chine moins idyllique que celle promut par le Parti Communiste, le réalisateur a lui aussi du évolué. Son nouveau terrain de jeu privilégié est maintenant le sud-est asiatique et ce dans des postures de plus en plus ouvertement guerrières. C’était le cas avec son Viral Factor de 2012, ça l’est encore plus avec ce Operation Mekong que n’aurait pas renié un Sylvester Stallone ou un Chuck Norris de la grande époque.


Dans le triangle d’or, 13 cadavres de chinois sont retrouvés par les autorités Thaïlandaises. Bien que ces dernières essayent de dissimuler les causes réelles de leur mort, les investigations chinoises ne laissent aucun doute sur le fait qu’ils ont été les victimes d’un baron de la drogue local, le puissant mais très instable Naw Khar. Les autorités Chinoises décident de tout mettre en œuvre pour qu’il soit amené devant la justice et, pour cela, parviennent à créer une force d’intervention spéciale avec les pays concernés. Parmi eux, on trouve l’escouade mené par le capitaine Gao (Zhang Hanyu), des spécialistes de la lutte anti-drogue musclée. Fort des renseignements fournis par le semi-local Fang (Eddie Peng), ils sont à la pointe pour capturer Naw Khar et ses acolytes.


Chine mon amour


Operation Mekong se base sur une histoire vraie qui a vue 13 marins chinois assassinés par le baron de la drogue Naw Kham pour avoir refusé de lui verser la « taxe » nécessaire à leur protection pour le passage au sein du triangle d’or. Cette tragique histoire avait effectivement permis la mise en place d’une collaboration renforcée dans la région entre la Chine, la Birmanie, le Laos et la Thaïlande. In fine, Naw Kham fut arrêté, condamné et exécuté. Si ces événements sont bien présents dans le film de Dante Lam, n’espérez toutefois pas avoir une analyse fine et subtile de tout ce qui entoure ces événements. Ici, c’est une chine héroïque et triomphante qui est mise en avant. C’est elle seule qui a la volonté politique et militaire de combattre sérieusement le trafic de drogue. Elle peut le faire avec l’assurance de sa supériorité morale puisque les trafiquants sont eux-mêmes tous des drogués qui martyrisent le gentil peuple et transforment les enfants en soldats kamikazes ! Une vision géopolitique que n’aurait probablement pas reniée Ronald Reagan au plus fort de sa guerre contre la drogue.


Quand Traffic rencontre Rambo II


Si le film en fait clairement des tonnes en matière de nationalisme et de bons sentiments, il n’en demeure pas moins un spectacle enlevé qui rivalise avec ce que Hollywood peut faire de mieux en la matière. Nanti d’un budget qu’on devine important, Dante Lam multiplie les lieux de tournage et sublime aussi bien la beauté que la misère que recèle le sud-est asiatique. Plus fort encore, il parvient à rendre l’escouade de Gao attachante grâce à un casting habile (chaque acteur à la gueule de l’emploi) qui contraste habilement avec la galerie de méchants cartoonesque auxquels ils sont confrontés (dont un Naw Khar sosie sous acide du fossoyeur de film). Et surtout, il signe des séquences d’action particulièrement dantesques mélangeant explosions, poursuites en voitures, à pieds ou en bateau, combats à mains nues, à l’arme blanche ou à l’arme lourde. Tout y passe avec une échelle et un savoir-faire qui ne pourra qu’impressionner le spectateur le plus blasé. Et même si la suspension d’incrédulité est poussé dans ses derniers retranchements à plusieurs reprises, les fans d’action militaire sont garantis d’y trouver leur compte.

Créée

le 19 juin 2019

Critique lue 453 fois

1 j'aime

Palplathune

Écrit par

Critique lue 453 fois

1

D'autres avis sur Operation Mekong

Operation Mekong
L9inhart
4

Blockbuster made in China

Un vol long-courrier avec Air China permet d’avoir accès à un catalogue de films plus large que ce qui arrive d’ordinaire en Europe. Perdre deux heures à regarder Operation Mekong m’aura permis de me...

le 5 nov. 2017

1 j'aime

Operation Mekong
AlexisMertens
8

Michael Bay version asiatique !

Vous aimez les explosions ? Vous allez être servi.e, c'est un film de guerre donc préparez-vous pour du sang, de la violence, du drama, des effets spéciaux à la pelle ainsi que des batailles de...

1 j'aime

Operation Mekong
Palplathune
6

Le meilleur et le pire des blockbusters Hollywoodiens version chinoise

Le réalisateur Hong Kongais Dante Lam a toujours eu une fascination pour les jeux de guerre. Dans le cadre de l’industrie cinématographique locale, cela se matérialisait sous la forme de films de SDU...

le 19 juin 2019

1 j'aime

Du même critique

Dune
Palplathune
8

Dune vision à l'autre

Minute introspective : J'ai découvert Dune (le film) ado. Étant sevré aux Star Wars, j'espérais voir un spectacle du même acabit. Évidemment, avec de telles attentes, le visionnage ne fut pas une...

le 18 avr. 2012

99 j'aime

14

Inferno
Palplathune
9

L'enfer du miroir

Dario Argento qualifie lui même Inferno de son film le plus pur. On ne peut que lui donner raison au vu du métrage, un véritable cauchemar éveillé, l'impression sur pellicule des obsessions les plus...

le 3 déc. 2010

58 j'aime

8