Réalisé en 1966 par Terence Young d’après Ian Fleming, disposant d’un joli générique et ayant pour héros un personnage légèrement obsédé par le sexe, c’est... Et non, ce n’est pas un épisode de « James Bond »! C’est même nettement moins bien. Les intentions de cette « Opération Opium » ont beau être louables, l’entreprise n’en est pas moins assez limitée. Soyons clairs : nous n’avons évidemment rien contre l’idée d’un film souhaitant dénoncer les dangers de la drogue, mais hélas, la seule formule pédagogique est connue et suffit rarement pour faire un bon film. Ici, tout (ou presque) est banal, du scénario peu imaginatif aux personnages stéréotypés au possible (les trafiquants sont évidemment tous d’infâmes salauds tandis que les agents et inspecteurs sont tous des types irréprochables), en passant par les dialogues et les quelques traits d’humour, assez peu convaincants.
Néanmoins, dire que l’on s’ennuie serait mentir : Terence Young connaît son métier, et les quelques scènes d’action sont assez efficaces. De plus, aussi moyennement exploitée soit-elle, la galerie d’acteurs fait son petit effet, que ce soit pour certains des apparitions particulièrement courtes (Stephen Boyd, Omar Sharif) ou pour d’autres plus conséquentes (Yul Brynner, Marcello Mastroianni, Anthony Quayle...), les excellents Trevor Howard et E.G. Marshall faisant eux le boulot dans les rôles principaux.
Quelques détails réussissent de temps à autre à faire sortir le film de son anonymat, en particulier la disparition aussi brutale qu’inattendue d’un des deux agents chargés de l’enquête, donnant à la scène un aspect réaliste convaincant, mais surtout le beau personnage de Rita Hayworth, épouse droguée d’un trafiquant, femme rêvant d’une autre vie et ayant depuis longtemps perdu le contact avec la réalité... Insuffisant toutefois pour nous combler véritablement. A force de vouloir donner un aspect réaliste à son sujet, Terence Young finit par le rendre sans saveur et sans personnalité (déjà pas son point fort), à l’image des différentes villes traversées au programme (Téhéran, Naples, Nice, Monaco...), se limitant à chaque fois à de simples cartes postales. Malgré un rythme s’accélérant un peu sur la fin, « Opération Opium » demeure une simple curiosité, pas déplaisante, mais anecdotique.