Dire que Nolan maîtrise les narrations complexes à multiples timeline serait enfoncer une porte ouverte... mais je vais quand même le faire.
Nolan maîtrise l'exercice et réussi un magnifique tour de force avec Oppenheimmer en rendant ses lettres de noblesse au genre Biopic trop souvent engoncé dans une timeline unique par peur de ne pas être assez précis, par peur d'être accusé de déformer la vie de l'homme ou la femme à l'honneur.
Après l'incompréhensible et décevant Tenet, après le tiède Dunkerque, je n'allais pas en salle avec l'idée que le film serait une réussite. Et pourtant, troublant, clairement crépusculaire, intense, beau, ce film est un réussite à presque tous les niveaux.
Commençons par la trame à trois timeline. Chère à Nolan, la multi temporalité est exploitée avec brillot. Et même si la profusion de noms est, dans un premier temps complexe, on trouve rapidement nos marques et on se laisse prendre dans une toile parfaitement tissée. L'histoire a beau être connue, elle se déploie tel un thriller et nous embarque dans le tourbillon historique. Aidé par des choix artistique (le noir et blanc, les couleurs plus neutres et les couleurs plus contrastées), Christopher Nolan relie la trame narrative à la réalisation.
Réalisation magnifique par ailleurs. Ce noir et blanc sublime, ces plans du Texas à couper le souffle et cette apocalypse montrée presque comme un envol au paradis.Tout en contraste, le réalisateur joue avec cette ambivalence. Comme pour le moment de l'explosion, glaçant, sourde... Mot qui convient parfaitement, puisque sans mot, sans bruit, avant d'être frappé par l'horreur de la situation de la création... telle la déflagration.
Nolan réussit à ne pas tomber dans le piège d'un film uniquement "à la gloire de", il réussit à rendre à Oppenheimer toute sa complexité. Savant clairement brillant, qui aime et s'amuse presque à créer une bombe... mais qui, au moment de presser le bouton, se rend compte du monstre qu'il a créé. Cillian Murphy transcendé, parvient à montrer un homme qui ne sait plus sur quelle pied danser. Fasciné par l'horreur de son monstre, puis pragmatique car voulant limiter les dégâts.... car Oppenheimer le sait, il n'y a pas de retour en arrière possible.
Soulignons aussi les autres acteurs : Robert Downey Junior de haut vol, Emily blunt et Jessica Pug pas en reste, qui livrent des prestations magnifique.
Et que serait cette réalisation sans la musique, je n'avais pas ressenti autant de frisson sur une OST depuis bien longtemps, elle s'adapte et souligne chaque instant avec le bon son, la bonne note. De l'émerveillement, à la terreur en passant par la tension, Goransson nous livre une création aussi belle que maîtrisée.
Enfin ce magnifique final, aussi beau que terrifiant... Nolan livre ici, un message terrifiant, mais aussi son film le plus crépusculaire. Une manière d'exorciser ses peurs, surtout avec notre monde actuel.
Oppenheimer est donc un monument de cinéma, mais pas que, il est aussi un objet une œuvre que toutes et tous nous devrions voir afin de comprendre les enjeux et les risques d'une simple pression sur un bouton. Nous ouvrir les yeux sur le fait que la politique de la haine ne nous mènera malheureusement que sur une seule voie... (oui j'enfonce toujours des portes ouvertes)