Parmi les créations humaines, la bombe atomique constitue sans doute la plus effroyable de toutes. Une simple décision, une seule poussée de boutons, et le monde se voit réduit en cendres en quelques instants, sans possibilités de retour en arrière.

Cette invention s'avère si puissante qu'elle a modifiée en profondeur les rapports géopolitiques et de force entre les nations. Pour toujours.

Une fois le feu cosmique maîtrisé, impossible de le faire disparaître.

L'humanité vivra avec cette épée de Damoclès jusqu'à la fin de l'espèce, que cette puissance signe son glas ou non.


Tout donne à croire qu'un film tournant autour de la création d'une telle absurdité aurait un certain poids émotionnel. Qu'une oeuvre qui traite de la naissance d'un léviathan qui menacera à jamais de nous engloutir nous fera nous interroger sur l'inconscience humaine. Que à travers la vue de son père spirituel, Christopher Nolan aurait le champ libre pour nous faire ressentir l'horreur de l'introduction d'une telle chose dans ce monde.


Sauf que non.


Nolan nous livre un film lisse, aseptisé, sans point de vue aucun, sans le moindre courage et sans la moindre conviction. Une relecture simplette du projet Manhattan et des conséquences des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki, qui vise à ne froisser personne, qui se refuse à choquer quiconque, et qui refuse toute prise de position sur cette invention apocalyptique.


Le réalisateur se contente de retracer dans les grandes lignes la vie d'Oppenheimer. Sauf que ce dernier et la bombe sont intimement liés. L'un n'existe pas sans l'autre dans ce contexte, il est impossible de séparer les deux.

Resultat, on se retrouve avec un film bancal, détaché, une suite d'événements sans vrai poids entre eux. Le réalisateur essaie tellement de couvrir absolument tous les aspects de la vie du scientifique que celui-ci se voit dilué dans une multitude d'événements politiques qui rendent très mal à l'écran. Au point que dans la dernière heure, il n'est même plus le protagoniste principal.

Nolan n'est pas étranger aux dialogues qui s'étirent, mais il y a quand même une force visuelle qui nous ramène dans le récit à un moment où à un autre dans ses précédents films.

Rien de tout ça dans Oppenheimer. En dehors du test Trinity, où on trouve des idées intéressantes mais mal exploitée et sans vrai impact, et quelques moments épars où Oppenheimer pressent un monde en ruines qui s'annonce, on ne trouve aucune scène vraiment impactante dans Oppenheimer


Ce film m'a profondément agacé, parce que j'y vois une incapacité d'un réalisateur à se positionner sur un sujet majeur et à vraiment lui donner vie, et vraiment nous faire ressentir toute l'horreur et la désolation que cette création a engendré et pourra causer dans le futur.

Un refus de se confronter réellement aux conséquences matérielles et humaines du lancement d'une bombe atomique. De se projeter dans cet avenir entrevu par Oppenheimer si les feux du ciel venaient à s'abattre sur terre. De représenter la peur viscérale de ce que donnerait réellement une guerre thermonucléaire.

Hiroshima et Nagasaki se voient à peine abordés, comme si le réal se sentait mal à l'aise d'aborder cet événement traumatisant pour toute une nation.


Non, Nolan ne cherche qu'à décrire, à montrer sans passion l'homme dans sa vie quotidienne, le scientifique dans son travail, et l'homme influent attaqué par des politiciens avides de pouvoir.

La trinité.

Que le réalisateur semble incapable de rassembler ou de vraiment différencier. Il filme l'homme et le scientifique de la même manière, et l'homme influent se voit toujours mis au second plan.


Finalement, mon plus grand problème avec ce film, c'est qu'il n'a aucune conséquence sur la façon dont nous percevons Oppenheimer. Ou la bombe atomique. Ou Nagasaki et Hiroshima.


Le moindre témoignage d'un survivant d'Hiroshima contient bien plus de poids que tout le film.

Une seule vidéo d'Oppenheimer nous en dit bien plus sur l'homme que tout ce qui nous est raconté dans son film éponyme.


Au final, une oeuvre assez vaine créée uniquement pour flatter l'égo de son réalisateur.

Therru_babayaga
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le 20 juil. 2023

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Therru_babayaga

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