Peut-on apprécier un biopic sur le père de la bombe atomique tout en étant totalement inculte en physique ? Oui, bien sûr puisque ce fut mon cas !
Oppenheimer m'intriguait particulièrement car j'étais curieux de voir C.Nolan à l'oeuvre sur une oeuvre réaliste et éloignée de ses excellents mais complexes Tenet, Interstellar et Inception. Mettant de côté la science derrière l'arme nucléaire, Christopher Nolan se concentre sur la vie torturée de Julius Robert Oppenheimer à différentes périodes de sa vie. En entrelaçant plusieurs dizaines d'années, Oppenheimer pourra être déroutant dans les 20 premières minutes mais on s'habitue très rapidement à cette alternance dynamique qui a le don de faire passer les quelques trois heures du film en un clin d'oeil.
Sans surprise, le casting trois étoiles y est pour beaucoup grâce à une performance individuelle et collective formidable, Cillian Murphy offrant une interprétation bouleversante de Robert Oppenheimer aux côtés d'Emily Blunt, Matt Damon, Robert Downey Jr et Florence Pugh. Cillian Murphy parvient à transmettre le génie décalé du scientifique mais aussi la culpabilité et la crainte de l'humain face au fait accompli. J'ai particulièrement apprécié voir Robert Downey Jr dans ce rôle, certes, bien éloigné de ceux qui ont fait la popularité de l'acteur, mais étonnement seyant.
Mais Oppenheimer n'aurait sans doute pas été aussi marquant sans cette façon de filmer si déroutante propre à C.Nolan. Réalisé sans aucune image de synthèse, Oppenheimer enchaîne de nombreux plans parfois spectaculaires, parfois complètement abstraits, parfoid émanant directement de l'esprit de son protagoniste, l'ensemble formant une oeuvre résolument artistique en dépit de la brutalité du sujet abordé.
J'ai été particulièrement marqué par le travail réalisé au niveau de l'ambiance sonore. paradoxalement, les musiques en elles-mêmes ne m'ont pas laissé un souvenir indélébile mais les sons étaient impressionnants. Voix humaines, déflagration et cris de joie ou de désespoir se mélangent dans une cacophonie méticuleusement organisée et qui trouve tout son sens à travers le regard de Robert Oppenheimer.
De fait, on ne ressort pas complètement indemne d'Oppenheimer, les dernières images du film faisant fatalement écho au contexte actuel et laissant un amer goût de misanthropie dans la bouche. On sera tenté d'aller voir un film plus léger en sortant de la salle, histoire de décompresser après cette excellente mais terrible histoire vraie.
Au hasard, avec un film un peu plus rose ?