Avec Orange Mécanique, Stanley Kubrick adapte le roman d’Anthony Burgess dans un style froid et ultra-codifié, tentant une réflexion sur la violence et le conditionnement. Pourtant, son film, souvent présenté comme subversif, m’a paru excessivement calculé et finalement peu percutant.
Seul Malcolm McDowell parvient à tirer son épingle du jeu. Il insuffle une ambiguïté fascinante à Alex, rendant ce personnage amorale presque sympathique malgré sa brutalité. Mais autour de lui, c’est une cacophonie insupportable : Patrick Magee force à l’extrême, le gardien-chef Barnes est grotesque, et la plupart des personnages ne font que hurler sans raison. Le surjeu constant décrédibilise totalement les situations.
Kubrick opte pour une mise en scène clinique, enchaînant des plans fixes austères qui figent le récit, sauf lors des scènes de violence où la caméra devient plus dynamique. Ce contraste fonctionne, mais l’aspect figé du reste du film alourdit inutilement le propos. Et c’est justement là que réside le problème principal : plus qu’une réflexion sur la violence, Orange Mécanique semble surtout fasciné par sa propre esthétique. Kubrick se pose en maître de la subversion, alors que son discours reste finalement convenu, sa froideur vidant peu à peu son sujet de toute portée.
Certaines tentatives d’humour ou de satire tombent à plat, avec des scènes inutilement grossières (comme le médecin et l’infirmière en plein ébat). Ce qui se voulait provocant semble aujourd’hui factice et surtout bien moins dérangeant qu’escompté.
Avec son ton prétentieux et son esthétique figée, Orange Mécanique peine à me convaincre et finit par m'ennuyer. Son aura de film controversé me paraît largement surestimée, et son discours sur la violence, trop distant, en devient inoffensif.