"Ordres secrets aux espions nazis" contient, selon moi, quelques "précieusetés"; certes, la distribution (et en particulier James Best) est un peu faiblarde; certes, Fuller mélange ses scènes de fiction et des images d'archives sans trop se soucier de cohérence technique, là n'est pas sa préoccupation première.
Toutefois, passé une introduction un peu longue qui font se rencontrer les deux protagonistes principaux, prétextes à l'intrigue, Fuller, ancien soldat et reporter de guerre, nous montre, avec ce sens de l'économie qui le caractérise, des aspects peu racontés au cinéma: l'après-guerre immédiat et ses tracas (logistiques, policiers, sociaux, etc..); la vie quotidienne des allemands, forcément rude, où l'opportunité de se marier avec un américain constitue une occasion unique, une "mine d'or", d'échapper à la misère ambiante. Ou encore ce corps franc, la Werwolf", composés de volontaires nazis destinés à combattre et résister aux Alliés; Fuller enfonce le clou à cet égard et dénonce, via le personnage du jeune frère de l' "héroïne", les méfaits de la propagande hitlérienne.