Je n’ai pas boudé mon plaisir de regarder Orlando (1992) de Sally Potter. Tilda Swinton y incarne donc Orlando, un jeune noble qui, à la demande d’Elizabeth Ier, ne va pas vieillir, et qui, de ce fait, va connaître une variété de vies et de relations en tout genre, changeant de sexe au gré des époques.
Librement inspiré du roman éponyme de Virginia Woolf, ce film dégage un je-ne-sais-quoi d’assez fameux, notamment dans son esthétique, d’amusant parfois (dans les apartés face caméra d’Orlando), même si je lui reprocherais un lyrisme trop appuyé au détriment du fond et des thématiques (identités sexuelle/de genre, sexisme, etc.) qu’il présuppose. D’ailleurs, Orlando ne semble pas perturbé.e par son immortalité et les transformations qui s’opèrent en lui/elle et autour de lui/elle, iel reste la même personne simple au plus profond de lui/elle
(réf : le passage où il se réveille dans un corps de femme est magnifique),
ce qui peut laisser un sentiment d’insatisfaction. En effet, j’aurais préféré que le personnage connaisse des changements internes plus forts pour mieux élargir les champs de réflexion quant aux problématiques que soulève son existence.
Toutefois, il faut reconnaître que le dernier tiers du film envoie : les scènes où Lady Orlando s’offusque de la misogynie des soi-disant grands penseurs du XVIIIe siècle et, plus tard, discute des rôles de genre avec le séduisant Shelmerdine (Billy Zane) sont vraiment appréciables par leur portée féministe bien fichue. Puis j’ai adoré cette différence de point de vue au niveau de la façon de filmer une nuit d’amour (bye bye, le male gaze !).
Enfin, par son style fantastique et son personnage androgyne, ce film m’a séduite. 7/10