23h34. Le générique défile tandis que les lumières se rallument. Les premières personnes commencent à se diriger lentement vers la sortie. Et le spectateur de se demander, toujours assis sur son siège rouge : « Mais qui est-elle ? ».
Oui, qui est-elle, l’héroïne d’Arnaud des Pallières ? Des quatre personnages que nous avons vu à l’écran, les quatre femmes, les quatre âges, les quatre noms, laquelle compose sa véritable identité ? Des Pallières embrasse la problématique de la personnalité, de la construction de soi à travers le temps, et livre une œuvre chorale, servie par les excellentes performances de ses actrices : Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot, Véga Cuzytek.
Kiki/Karine/Sandra/Renée n’a pas eu la vie facile. Enfant elle vit un drame qui la marque profondément, puis assiste à la dislocation de la cellule familiale. La chronique adolescente est terrible de réalisme désespéré et de violence sociale et physique. Les failles psychologiques se creusent, béantes, sous nos yeux. Des Pallières refuse cependant de s’enfermer dans le pessimisme. Son héroïne subit les hommes, toujours placée sous la coupe d’un père, d’un amant, d’un mari. Mais elle ne s’avoue pas vaincue. S’ils attendent tous quelque chose d’elle, elle en revanche ne veut rien attendre d’eux. Orpheline révèle une quête désespéré d’indépendance, qui passera par une forme de fuite en avant.
Le seul regret qui demeure à l’issue du film reste sa mise en scène artificielle, vaguement racoleuse. Outre les scènes de sexe qui finissent par provoquer une légère surdose, on ne peut s’empêcher d’être frappé par le manque de réalisme sonore du film, qui fait goutter les larmes avec autant de force qu’un robinet de salle de bain. Un peu plus de subtilité, et cela aurait été parfait.