Quand un grand auteur s’attaque à la caméra, on est en droit d’attendre du ratage, et l’on se prépare à l’indulgence qu’il faut avoir pour accepter les écarts d’un art à l’autre. Et puis il y a les grands artistes comme Éric-Emmanuel Schmitt dont les seules fautes sont les déformations professionnelles, comme des dialogues trop beaux pour être honnêtes ou une naïveté graphique un peu trop grande.
[Spoilers] Mais un bon scénario et de beaux personnages ne lui ont pas suffi : le manque de tact de Michèle Laroque dans son rôle, il va falloir qu’il l’explique, ne laissant pour mystère que la raison pour laquelle elle a attiré l’œil, autrement que par ses habits roses, d’Oscar, dont elle va partager les derniers jours à la manière d’autres films de chevet.
Schmitt forge les liens en écrivain, moulant les formes de son environnement à sa guise d’une façon qui serait plus convaincante entre des pages qu’en images, mais rien ne laisse présager sa maîtrise d’elles ni la confiance qu’il place en des effets spéciaux parfois majoritaires et servant à donner la couleur de chaque scène, remplaçant ce qu’il a l’habitude de confier à l’imagination du lecteur.
Oscar a 10 ans et toute l’image est au service de la sienne, en échange de quoi les rebondissements rapides de son intelligence enfantine la remplissent de poésie. Laroque est trop extraordinaire pour que le gamin passe pour autre chose qu’un précoce et talentueux faire-valoir, toutefois jamais leur relation ne frisera le ridicule de cette gêne sociale si dure à transcrire – surtout entre deux générations – ni n’avancera trop vite par pudeur ou par raccourci. L’auteur n’a pas besoin d’en faire trop pour s’excuser d’aborder un sujet dur, et il en cueille toute l’émotion avec justesse et empathie.
→ Quantième Art