Au début, on se demande ce que « Oslo 31 août » vient faire avec le somptueux roman de Pierre Drieu La Rochelle, auquel il ne ressemble que de très loin. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes que l'on finit par prendre nos repères, et cela devient alors un régal. Car si l'on excepte l'interminable scène de la rencontre entre Anders et son ami, quelle force, quelle intelligence... Joachim Trier a su trouver un équilibre remarquable entre modernisation du roman de 1931 et hommage sensible, à l'image d'un héros troublant, face auquel on se sent totalement concerné tant son désarroi et sa souffrance sont palpables, mais toujours de façon nuancée, sans que nous ne tombions jamais dans une démonstration lourdaude. C'est étrange : alors que le propos est terriblement sombre et pessimiste, cela ressemble parfois à un songe, à l'image d'une ambiance presque hors du temps nous portant presque de bout en bout. Il faut dire que le réalisateur nous a concocté une bande-originale pop-rock absolument délectable, s'inscrivant parfaitement dans ce climat envoûtant où on se laisse glisser sans la moindre retenue. Ce qui aurait ainsi pu être une œuvre insoutenable devient quelque chose de beau, émouvant et difficilement oubliable, à l'image d'une fin certes attendue, mais qui n'en est pas moins poignante, d'autant que filmée très sobrement. Un vrai coup de cœur, d'ores et déjà l'un des grands moments de 2012.