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Pour les amateurs de l’agent le plus beauf de France, le retour aux affaires ne pouvait que réjouir, et il n’y avait pas trop à craindre de voir Nicolas Bedos prendre le relai de Michel Hazanivicius...
le 4 août 2021
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Pratiquement 10 ans après la sortie du deuxième opus de la saga OSS 117 en 2009, Jean Dujardin, interprète du célèbre agent secret français, annonce sur le plateau de l’émission "Quotidien" la sortie d’un troisième film. Le scénariste est le même, mais cette fois, Michel Hazanavicius, réalisateur des deux premiers films, passe son chemin, et est remplacé par Nicolas Bedos, qui présente donc "OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire".
Je suis un fan absolu des OSS 117 de Michel Hazanavicius. "Le Caire, nid d’espion" (2006) et "Rio ne répond plus" (2009) sont deux bijoux de la comédie française, mélangeant parfaitement humour noir et absurde, moqueries et critiques, avec de bons acteurs et une belle réalisation. Mais à l’annonce du troisième film, j’ai tout de suite eu peur. Faire un film de la sorte aujourd’hui est tellement difficile, surtout 10 ans après le dernier (à l’instar de "Brice de Nice 3" qui était selon moi une catastrophe à tous les niveaux), et dés lors que Michel Hazanavicius s’est retiré du projet par manque d’intérêt pour le scénario, j’ai immédiatement senti que cela ne sentait pas très bon... et je ne me suis pas trompé. Cette troisième aventure d’OSS 117 est un désastre, et je dirais même une honte. Le film n’a aucun rythme, le scénario n’est pas drôle, mal écrit, incompréhensible. Les acteurs ne sont pas bons, la fin est bâclée (mais donne tout de même la possibilité d’une suite... mon Dieu). Rien ne va.
Jean-François Halin, le scénariste, s’est complètement planté, et la présence de Nicolas Bedos pour les dialogues ne change rien. Il n’y a aucun travail d’écriture, les personnages n’ont aucun intérêt, il n’y a aucun attachement, que ce soit à ce OSS 117 soi-disant vieillissant, ou même à son nouveau compère OSS 1001, supposé représenter une jeunesse innovante, mais qui n’apporte que ses objets high techs et ses expressions de jeun’s beauf. Et que dire de sa mort (?) absurde, bouffé par un crocodile parce qu’il jette des pierres dans un fleuve ? On ne sait pas qui est le méchant, et dés lors, on ne sait pas par quel miracle et moyen cette mission se termine. En plus, les scènes de sexe, qui ont toujours été présentées de manière humoristique dans les films précédents, ne sont ici que gêne, et n’ont aucune utilité, sauf pour permettre à OSS 1001 de dire qu’il en a une plus grosse et qu’il est capable de tenir toute une nuit.
Même les acteurs ne sont pas au niveau. Jean Dujardin semblait enchanté de reprendre son rôle à l’annonce de la sortie du film, mais il ne donne pas du tout cette impression dans son interprétation. La présence de Pierre Niney (OSS 1001) a-t-elle autant gêné Dujardin dans la vraie vie qu’OSS 117 dans le film ? Pas impossible. Même son fameux rire gras ne fait pas sourire.
Aussi, le petit nouveau, Pierre Niney, qui est mon acteur français préféré, n’est absolument pas convaincant, sa présence n’apporte rien, que ce soit scénaristiquement ou physiquement parlant. Avant le film, je ne pensais pas que ses talents d’acteur et d’humour soient les bons pour cette saga, et j’ai eu raison.
De plus, alors que les deux premiers films offraient une panoplie de formidables seconds rôles, aucun personnage et/ou acteur ne ressort du lot dans ce troisième opus. Armand Sélignac, patron du bureau des agents secrets, est cette fois-ci interprété par Wladimir Yordanoff (lui aussi décédé), qui ne laisse pas non plus une grande impression, contrairement à ses prédécesseurs, Claude Brosset et surtout Pierre Bellemare dans le deuxième film. La secrétaire du bureau, Josie Ledentu, revient pour un second film (c’est le seul personnage, à part OSS 117, à revenir dans deux films avec le même acteur), mais cette référence au film précédent n’apporte rien du tout. Tous les autres seconds rôles ne sont pas intéressants et ne méritent pas même un commentaire.
Ce film est l’archétype de tout ce que je déteste chez Nicolas Bedos. Mais quelle prétention ! Il débarque sur un projet ancien, faisant suite à deux classiques de la comédie française, avec un ancien réalisateur très respecté, et je ne vois que du sabotage. Le film affirme qu’« il faut apporter du sang neuf », ce qui fait écho à la saga elle-même, car cela montre que nous, spectateurs, devons passer à autre chose. Cela est grossier, et même irrespectueux pour le superbe travail qu’a produit Michel Hazanavicius, ainsi que Jean-François Halin, et même tous les acteurs, techniciens, etc des deux premiers films. Et pourtant, il ne se prive pas pour prendre les éléments dont il a besoin, comme le thème musical du premier film, des références scénaristiques (mal placées pour la plupart), etc. Hypocrisie quand tu nous tiens… (l’absence de remerciement pour Michel Hazanavicius est l’apothéose).
Le générique du film est une belle preuve de cette prétention infernale de Bedos. Après deux génériques assez simples dans les deux premiers films, on a cette fois-ci le droit à un générique à la James Bond, style « Skyfall » ou « Spectres », en beaucoup moins classe. Il précise également deux fois dans le générique être le réalisateur, histoire qu’on ne l’oublie pas. Bedos se permet même un petit cameo dans le film, inutile et pas drôle. Sa réalisation globale n’est certes pas mauvaise, notamment les quelques scènes d’action, mais ce côté « m’as-tu vu ? » à tout bout de champ est insupportable.
Nicolas Bedos a fait du Nicolas Bedos, c’est-à-dire « Bonjour, je m’appelle Nicolas Bedos, j’ai réalisé un film, venez me voir, j’ai dirigé mes acteurs, j’ai fait la musique, j’ai fait le scénario. C’est mon film à moi. Les autres, on s’en fout. Les spectateurs, je m’en fous. La saga, je m’en fous". Et bien merci Monsieur Bedos, mais vous auriez pu vous abstenir. Maintenant, c’est trop tard, mais restez loin d’un quatrième film, cela ne servirait à rien. Etre fier de faire un tel film, c’est triste. Et surtout, c’est petit, moche et mauvais. En un mot ? Scandaleux.
Créée
le 17 août 2021
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