A l'origine une série littéraire, puis une tentative française de concurrencer sérieusement James Bond au cinéma dans les 60's, la franchise OSS 117 était depuis un moment tombée dans l'oubli. En 2006, Michel Hazanavicius déterre ce personnage, pour nous livrer un pastiche délirant des films d'espionnages des années 1950-1960. Ainsi, Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, meilleur agent secret français, est envoyé en Egypte pour enquêter sur la mort du contact français sur place...
"Le Caire, nid d'espions" est avant tout un bel exercice de style, qui imite de nombreux films de l'époque (comme le dit le réalisateur, "l'histoire se déroulant en 1955 est racontée en 1962"). Mouvements de caméra, choix des plans, photographie, décors, costumes, postures, dialogues : tout cet énorme travail fait furieusement penser au cinéma des années 50-60, entre clins d’œils directs (Hitchcock, "Dr. No"...) ou simple référence d'ambiance.
Mais le réalisateur ne se contente pas de copier. En insistant sur des détails, ou en exagérant à peine les éléments sérieux de l'OSS 117 cinématographique d'origine, Hazanavicius parvient à détourner ce contenu de manière très jouissive.
Par ailleurs, grâce à des répliques délicieusement absurdes (on sent l'influence de "La Classe Américaine" sur le travail du réalisateur...), des situations décalées, et surtout à un Jean Dujardin désopilant et ultra-expressif en agent secret imbu de lui-même et machiste, le film s'avère être une comédie très réussie. Elle critique intelligemment les excès de cette période : colonialisme français condescendant, sexisme, inculture, etc.
"OSS 117 : Le Caire, nid d'espions" fut une belle surprise à sa sortie, et a amplement gagné sa place parmi les meilleures comédies françaises modernes.