Espion, islam et blanquette de veau.
Hubert Bonisseur de la Bath, pour vous servir.
Michel Hazanavicius et Jean Dujardin se sont mis ensemble pour pondre un condensé délirant de ce que peut être une bonne partie des clichés de films d'espionnage. Et c'est réussi foutredieu ! On rigole comme des gignols devant l'incompétence notoire alliée à une chance démesurée de cet espion tellement français.
Car ce cher OSS 117 est la fine fleur des espions: raciste, ignorant, bête, idiot, sexiste et dénué de raisonnement et de sens de l'orientation, il remplit parfaitement les critères antagonistes à tout James Bond qui se respecte. Et pourtant, l'intrigue du film se tient tel un James Bond, se déroule tel un James Bond et se termine tel un James Bond. Et ça marche, bordel de nouille ! Bon ok, ça marche par le non-sens de certains dénouements (voir la scène de fin sur le port, juste splendide dans le domaine du n'importe quoi). Et tout ce que je viens de dire est positif.
L'humour fonctionne par le décodage qu'en fait le spectateur. Si il prend le film au premier degré (et il faut vraiment s’appeler Hubert Bonisseur de la Bath pour le prendre tel quel), assurément que le spectateur sera choqué, outragé, martyrisé et libéré de tant de souffrances à la fin du film. Or c'est au second degré qu'il faut le voir, prendre chaque réplique prétendument sérieuse comme une vanne de plus ("J'aime me beurrer la biscotte"). Et c'est là le génie ABSOLU des dialoguistes et de Jean Dujardin, qui trouve dans ce film le rôle de sa vie. Il est impressionnant de mimétismes dans les gestes (copie physique de Sean "007" Connery) et impeccable pour balancer telle la punchline du siècle la réplique la plus nulle du monde ("En tout cas, on peut dire que le Soviet éponge").
En résulte une immensité de passage devenus instantanément cultes ("J'aime me battre"; "J'aime quant on m'enduit d'huile"; "JACQUES !"). Satire politique, comédie potache, film d'espionnage sérieux et parodique à la fois, TOUTES les séquences sont quasi parfaites. Juste un bémol sur Bérénice Bejo, qui parait bien terne à coté de Dujardin. Elle donne l'impression de réciter son texte à certains moments (bien que pas aidée, vu qu'elle fait théoriquement la rabat-joie de service doublée de la sagesse).
Bref, c'est peut être l'une des meilleures comédies française des années 2000 à mes yeux. Jamais j'ai autant ris et réfléchi en même temps. Une comédie foutrement intelligente, qui renvoie les "Camping" et autres blockbusters comique français dans les cordes.