En ce dimanche gris de novembre, j'ai décidé de mettre ma plume au service d'un des films que je connais par coeur, une des meilleures comédies françaises et même comédie tout court : OSS 117, Le Caire nid d'espions.
Ce film nous raconte les pérégrinations en Europe et au Caire de Hubert Bonnisseur de la Bath, espion français fanatique de René Coty et même plus globalement de sa mère patrie la France.
Ce personnage, interprété par Jean Dujardin, est ce qui fait le sel du film : il est raciste, homophobe, sexiste , bref "très français" comme dirait Larmina. Mais il est comme ça pour une seule raison : il est niais. Très. Et c'est ça qui rend son intolérance si drôle, avec toutes les répliques si connues :
Avant de partir sale espion, fais-moi l'amour. -Pourquoi donc ? -Pas envie... [...] Dépêchons-nous je n'ai que quelques heures.
Comment est votre blanquette ? -Elle est...bonne"
Comment est votre blanquette ? -Pardon ? - Les plats à base de viande sont-ils de bonne qualité ? - Oui... -Bons ? -Faut aimer. -Avec du veau ? - Non à base d'agneau plutôt. - Rien avec des champignons... des pommes de terre ? - Non je suis désolé. Au revoir monsieur.
Ne pas fumer me tue
Il y aura une réception ce soir à l'ambassade d'Angleterre. -Oh à la bonne heure, ce sera l'occasion de porter mon smoking en alpaga. -Si vous voulez, ce sera surtout l'occasion de rencontrer tout le gratin cairote. -Et non pas le gratin de pommes de terre ! Non parce que ça ressemble à carotte, cairote... Le légume... Non parce que vous avez dit gratin, donc gratin de pommes de terre... C'est une astuce.
Allah Akbar !
J'aime me battre / quand on m'enduit d'huile / les panoramas / le bruit blanc de l'eau
Il s'agirait de grandir, il s'agirait de grandir...
Vous voyez cette voiture derrière moi ? -Oui -Eh bien ça fait un petit moment que je l'observe. -Eh bien ? -Et bien elle est absolument impeccable. C'est quand même bien mieux une voiture propre, non ? A l'occasion je vous mettrais bien un petit coup de polish.
On est en 1955 herr Bramar, on peut avoir une seconde chance. Merci !
C'est la piquette Jack ! T'es mauvais !
Je n'ai jamais pu refuser quoi que ce soit d'une brune aux yeux marrons. -Et si j'étais blonde aux yeux bleus ? -Cela ne changerait rien vous êtes mon type de femme Larmina. -Tiens donc. Et si j'étais naine, et myope ? - Eh bien je ne vous laisserais pas conduire. Ca n'a pas de sens.
Enfin bref, ce florilège non exhaustif de répliques montre bien l'esprit du film : punchlines sur punchlines, Michel Hazanavicius nous montre son talent de dialoguiste, et renforce son propos par une réalisation reprenant les codes des 50's de l'espionnage. Cette ambiance est d'autant plus renforcée avec une très bonne BO aux sonorités orientales (sans parler du solo de De la Bath) et des acteurs au top : Jean Dujardin avec ses expressions faciales à faire rire un croque-mort, Bérénice Bejo interprétant très bien la femme insoumise qu'est Larmina ou encore François Damiens en belge éleveur de poulets, fidèle à son image habituelle.
Après, ce film est plus profond que la comédie potache. Il y a en second niveau de lecture la critique de la société française des années 1950 : colonialiste, raciste, sexiste et surtout homophobe. En effet, on voit bien l'homosexualité refoulée lors de la scène du massage avec Septine puis la discussion avec Muller ("Un homme ça doit être avec une femme !"), rendant ainsi le personnage plus complexe.
Dans le contexte de sortie du film (2006 ou encore et toujours un contexte de montée du FN), le message montrant la stupidité de l'islamophobie est d'autant plus intéressant.
OSS 117 a donc une place vraiment légitime dans mon coeur et mon top 10, vu son comique, son intelligence et le fait que je connaisse ce film par coeur.