Vu l'état de la comédie française, ces temps-ci, Ôtez-moi d'un doute fait l'effet d'un petit vent de fraîcheur et pas seulement parce que l'action situe dans le Morbihan. On avait déjà repéré le talent modeste de Carine Tardieu dans ses deux précédents films et elle signe ici un joli essai consacré à la paternité, sur plusieurs générations, qui propose un regard tendre plutôt que sentimental, ce dont on se félicite. Le récit est pleine de rebondissements mais on lui sait gré de ne pas chercher à tout prix la surprise et de ne pas faire pas mariner ses secrets plus longtemps qu'il ne faut. Qui plus est, le film est riche en sous-intrigues qui dynamisent son rythme et s'il ne faut pas y chercher une profondeur abyssale dans ses thématiques, la légèreté de l'ensemble n'est pas synonyme de mièvrerie. Mis en scène sans esbroufe, Ôtez-moi d'un doute, outre son écriture espiègle, vaut par son interprétation. Cécile de France est assez conforme à son emploi habituel de personnage pétillant (elle a quelques unes des meilleures répliques) mais c'est son vis-à-vis, François Damiens, qui impressionne dans un rôle taciturne et introverti où il déploie moult nuances. Le bonheur est aussi dans les personnages secondaires avec de belles pointures comme André Wilms et Guy Marchand et de jeunes pousses irrésistibles : Alice de Lencquesaing et surtout l'inénarrable et désopilant Esteban. On en conviendra : le bilan est largement positif.