Out of Africa est une adaptation de plusieurs nouvelles et les mémoires de Karen Blixen auteure danoise dont Le dîner a déjà fait l'objet d'un film avec Stéphane Audran. Une riche danoise, trahie par son amant, se décide à demander au frère de celui-ci de l'épouser et de l'emmener loin du Danemark. Un mariage d'argent (pour lui) et une vengeance (pour elle). Un couple d'amis qui devient un couple marital, sur le papier, ça peut fonctionner.
Le rôle de Karen, un des rôles phares de sa carrière a été d'abord pressenti pour Audrey Hepburn ou Greta Garbo pour finalement échoir à Meryl Streep, ce pour mon plus grand bonheur !
La focalisation interne choisie par Sidney Pollack insuffle une mélancolie qui se calque sur les sentiments de son héroïne.
La première fois que j'ai vu ce film, je me suis dit que les préoccupations de ces gens n'étaient pas forcément les miennes.
En le revoyant, j'ai pu y découvrir une palette de sentiments assez extraordinaire.
Cela va de l'amour intéressé, à l'amitié sacrifiée en passant par la possessivité. car oui, Karen est une créature possessive.
Quand elle se rend compte que son mariage arrangé avec Bror Blixen est voué à l'échec, elle se rapproche d'un aventurier sauvage et assoiffé de liberté, refusant toute espèce d'attachement. Elle sait à qui elle a affaire.
Le sujet choisi par Sidney Pollack peut laisser penser à une énième bluette sans intérêt.
Sauf qu'il y a Robert et Meryl, la partition envoûtante de John barry et les paysages kényans fabuleux et le shampoing
le plus sensuel du cinéma. Ce qui oppose les deux amants montre définitivement que l'incommunicabilité entre les êtres, les aspirations différentes, peut gâcher la plus sincère des passions. La force de leur amour n'a d'égal que leur divergence de point de vue. Elle accepte dans un premier temps. Forcément elle l'aime et sait que sans cette résignation, elle le perdra. Mais le poids de cette acceptation refait surface et viens gangrener les moments qu'il daigne lui accorder.
"Il y a des moments qui valent la peine. Mais il faut en payer le prix. Et je veux être un de ces moments." lui dit-elle pour expliquer le manque qu'elle ressent.
En racontant son histoire d'amour avec ce marchand d'ivoire, l'auteure ne se ménage pas. Elle nous raconte une sorte de récit initiatique et se dépeint comme une femme frivole qui se lance dans une aventure impossible sur un coup de tête suite à une blessure d’orgueil, soucieuse des apparences et de sa porcelaine. Au contact de ce monde sauvage et d'une beauté aveuglante, elle va s'ouvrir, apprendre à regarder et à aimer, s'intéresser à ce peuple d'esclaves et à leur condition. L'enfant boudeuse et capricieuse laisse place à une amoureuse, conteuse émérite, battante et délicieuse. Le rapport entre les deux protagonistes fait quant à lui écho à l'interdépendance entre le colonisateur et le colonisé.
Un film qui peut être qualifié de trop classique mais qui dégage, grâce au charisme de son couple vedette, un charme intact.